L’épatante Barbara Carlotti se produit au lieu unique à Nantes ce vendredi dans le cadre de la Folk Journée. L’occasion pour la chanteuse de présenter un spectacle inédit, fait de reprises de chansons folk écrites exclusivement par des femmes, des folkeuses souvent un peu obscures que l’on adore par ici : Sibylle Baier, Judee Sill, Linda Perhacs, Buffy Sainte-Marie… Rencontre avec une artiste qui – nous nous en doutions un peu – n’aime pas que « le vent, l’amour et l’argent ».
Vous faites de la chanson, mais avez une écriture plutôt pop. Comment avez-vous eu cette idée de reprendre des chanteuses folk ?
Sur une proposition du lieu unique, pour la Folk Journée. J’écoute pas mal de folk, même si je fais de la chanson plutôt pop. J’ai réfléchi à ce que je voulais faire, et je me suis dit que certaines chanteuses des années 60-70 sont peu reprises, alors qu’elles ont fait des trucs très beaux. Je me suis mise à les réécouter. L’idée, c’était aussi de changer des éternels Bob Dylan, Neil Young ou Nick Drake, même s’ils sont super…
Pourquoi ces femmes en particulier ?
Ce sont des femmes qui sont auteurs-compositeurs, qui parlent et composent en leur nom. C’était une des grandes nouveautés de la folk des années 60 : toutes ces femmes qui apparaissaient, qui avaient tout à coup le droit de parler. Ça allait avec la libération sexuelle… Pour moi, c’est également une manière de m’investir dans un mouvement qui est féminin, et féministe, dans sa prise de parole.
Les artistes que vous avez choisis sont pour la plupart restés un peu dans l’ombre…
Oui, ce sont peut-être des choses un peu underground, dans le sens où ce sont souvent des nanas qui ont fait un ou deux disques seulement.
C’était une volonté ?
La volonté, c’était surtout la beauté des chansons ! Le but, ce n’était pas forcément de chercher des perles rares même si, par exemple, Judee Sill est morte très jeune d’overdose et n’a pas percée alors qu’au même moment, des Joni Mitchell et des Joan Baez prenaient toute la place. Pourtant, ses deux disques sont hyper beaux et elle était hyper talentueuse… Il y a plein d’artistes souvent un peu laissés sur le carreau mais, me concernant, c’était plutôt un choix de répertoire.
Comment avez-vous travaillé ces reprises ?
Avec les deux musiciens qui m’accompagneront sur scène. Le violoncelliste Gaspard Claus et Benoit de Villeneuve, qui fait plutôt de l’électro (sous le nom de Villeneuve). On a choisi les chansons ensemble. On est aussi allé vers des chanteuses un peu psyché des années 70, comme Linda Perhacs ou Judee Sill, justement, qui représentent une tendance plus électrique de la folk. On a décidé d’aller dans cette direction dans les arrangements, et de reconstruire un folk un peu plus moderne. Une sorte de « future folk », avec des synthés, des boîtes à rythme et des arrangements qui partent un peu dans l’espace…
Plus proche de votre EP « Cosmic Fantaisie », par exemple ?
Exactement !
Vous êtes une habituée de l’exercice de la reprise ?
Oui, j’en fais tout le temps dans mes concerts, et dans tous les genres. Je reprends aussi bien les Kinks, The Electric Prunes ou Bob Dylan que Bashung, Christophe, Françoise Hardy ou Brigitte Fontaine.
Ce concert au lieu unique sera-t-il un « one shot » ?
Non, j’espère qu’on va le tourner parce que c’est quand même beaucoup de travail de monter tout un répertoire ! Et celui-ci en vaut vraiment la peine…
Pour terminer, quels sont vos albums de folk préférés, interprétés par des femmes évidemment ?
Tous ceux qu’on va jouer sur scène sont super :
« Colour Green » de Sibylle Baier
« Judee Sill » et « Heart Food » de Judee Sill
« Parallelograms » de Linda Perhacs
« Blue » de Joni Mitchell
La BO du film « Sacco and Vanzetti » par Joan Baez et Ennio Morricone
« Little Wheel Spin and Spin » de Buffy Sainte-Marie
« Suite From The Other End » de Bonnie White