Découvert en live pour ma part, après des louanges (méritées) pour son premier album “Tantale”, le groupe Monogrenade récidive avec “Composite”, terme qui s’avère assez vite convenir à la musique du groupe. En effet, il fallait une certaine audace pour faire tenir sous des formes souvent pop une section de cordes, un aspect plus synthétique et la voix de Jean-Michel Pigeon, caressante et voilée.
Les premières écoutes donnent d’ailleurs une impresion trompeuse, celle d’un charme diffus, dont on ne sait pas trop s’il vient du sens de la mélodie, d’une atmosphère un peu mélancolique, de la richesse instrumentale. Puis le disque fait son chemin, on se surprend à lire plus clair dans le style de Monogrenade. Le charme agit alors, et on fait que voir ces magnifiques arrangements, cette façon de rendre tout beau. Dès les premières notes du titre “Composite”, après une belle introduction tout en finesse, surgissent ce piano et ces cordes, qui appellent à la rêverie tout en incarnant quelque chose de très charnel, et la voix qui semble nous murmurer ces textes en français. Mais dès que le rythme s’accélère, Monogrenade semble courir sur une fine ligne, en gardant toujours l’équilibre entre cette délicatesse des cordes et une ardeur réelle (“L’aimant”, “Cercles et pentagones”, “Métropolis”), entre aussi une forme qui mêle des claviers finement distillés et une section rythmique qui joue bien son rôle. Elle sait ainsi s’effacer pendant de longs moments avant d’arriver en fin de morceau (“Phaéton”) ou insuffler une énergie rock (“Labyrinthe”, avec le renfort de Marie-Pierre Arthur au chant). Et quand vient l’heure de rencontrer “Le fantôme”, dernière titre en apesanteur de ce disque ô combien généreux, elle donne la dernière impulsion à un album, qui pour composite qu’il est, n’en reste pas moins remarquable de cohérence.