Elle a déboulé il y a quelques mois, avec un joli EP sous le bras (“Non mais oui”) : Cléa Vincent n’a pas mis longtemps à me convaincre, en quelques minutes, avec des mélodies joyeusement groovy, pour une atmosphère entre pop française et chanson tout en brillance, le tout porté par des textes qui faisaient le pont entre mélancolie et naïveté trompeuse. Il aurait pourtant été dommage de ne pas creuser plus profond, de ne pas voir cette faculté de la jeune femme à faire swinguer la pop, à jouer sur les mots et leur prononciation pour que ceux-ci soient force de rythme. Avec “Non mais oui 2”, c’est donc un prolongement et une continuité de cette faculté à mettre en musique de façon joyeusement pop des textes où la mélancolie a droit de citer. Bien que l’on ait plus d’une fois envie de danser, on y entend une sensibilité à fleur de peau (“Ce soir j’y ai pensé”) que l’on fait sienne avec plaisir, une tristesse qui affleure et aboutit sur un tube aussi anachronique qu’absolu (“Château perdu”, avec ce solo de sax qui surgit malicieusement à la fin) ou une errance nocturne au texte adroit (“Dérives du lendemain”, entre tristesse et ivresse). On y entend aussi une reprise du “Seul sous la lune” de Daniel Darc en duo avec Baptiste W. Hamon, dont le résultat retranscrit avec finesse la terrible mélancolie du titre originel, et un remix réussi de “Château perdu” – “Château retrouvé” en l’occurrence – signé Ricky Hollywood. Si la valeur d’une artiste se voit aussi à la qualité des gens dont elle s’entoure, le talent de la jeune femme ne fait aucun doute : celui-ci est d’ailleurs bien évident à l’écoute de ces quelques titres. Cléa Vincent ? Ah mais oui, et plutôt deux fois qu’une.