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Sinkane – Mean Love

Sinkane - Mean Love

Il y a pile deux ans paraissait « Mars », remarquable album de Sinkane, réjouissant de fraîcheur et prompt à charrier une multitude dʼondes positives communicatives. Fruit dʼinfluences black and white universelles et parfaitement assimilées, ce condensé de soul, dʼélectro et de pop traçait un pont spirituel triangulaire entre Afrique, Amérique et Europe en alliant facilement modernité et classicisme dans la composition et les arrangements, ce qui lui a permis de constituer la bonne surprise de lʼautomne 2012 sous forme dʼinvitation à prolonger un été alors déjà bien évaporé. Avec « Mean Love », Sinkane (Ahmed Gallab pour lʼétat civil) reprend la trame précédente dont lʼévidente efficacité en appelait tout naturellement à la continuité. Ainsi, cette nouvelle livraison sonne comme une suite logique, certes dénuée de toute réelle nouveauté dans sa formule, mais qui nʼoublie jamais de continuer à sʼadresser simultanément au cœur, au cerveau et même au pelvis.

Le caractère frais, velouté et groovy quʼon pouvait savourer au fil de titres comme « Jeeper Creeper » et « Runninʼ » est toujours aussi présent et offre à lʼensemble des dix nouveaux titres la possibilité de fonctionner parfaitement sur la longueur. Toutefois, lʼutilisation systématique dʼun falsetto particulièrement mis en avant cette fois est à noter, mais cʼest le seul reproche (somme toute mineur) quʼon pourra adresser au Londonien de naissance, même lorsquʼil surjoue un peu la carte du soul man (les « Je tʼaime » sur « Moonstruck », très bon morceau au demeurant). Ce détail nʼenlève bien entendu rien (ou alors si peu) à lʼimmédiateté du plaisir procuré par cet univers assez facilement identifiable, celui dʼun artiste très polyvalent qui refuse catégoriquement de choisir une casquette exclusive mais également de sʼéparpiller bêtement.

Les réussites majeures de cet album oscillant entre confort et hypnose sont sans doute lʼintroductif « How We Be », dont lʼévidence mélodique rassure dʼemblée au sujet de lʼorientation probable des neuf autres plages, puis lʼétonnant hybride country-soul « Mean Love » et surtout le sublime « Hold Tight », songe éveillé empli de désir, allant jusquʼà donner envie, au choix, de croquer dans un bâtonnet de crème glacée ou de tournoyer sous une pluie dʼorage au ralenti, visage tourné vers le ciel, au beau milieu dʼune île paradisiaque du Pacifique. Quoi quʼil en soit, aucun titre de ce format long ne donne la désagréable sensation de se trouver face à une carte postale sonore truffée de clichés douteux, bien au contraire. On pourrait même presque penser que cette musique décomplexée vient dʼun pays dont on nʼavait jamais entendu parler auparavant. Aux non-initiés, je souhaiterai donc la bienvenue en Sinkanie !

 

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