Le projet de Pierre Guénard, entouré de Manu Ralambo et Colin Russeil, semble gravir les échelons à un rythme soutenu. Le concours des Inrocks Lab a permis à Radio Elvis de sortir de l’ombre, chose ô combien méritée à l’écoute de ces 4 titres, qu’il avait été possible d’écouter il y a quelques mois et qui ressortent en bonne et due forme désormais. Gageons que cet EP saura trouver un large public, tant le sceau de l’exigence (texte, musique, voix) se double de celui de l’évidence. Les comparaisons ont plu sur Radio Elvis, aucune ne convient réellement, aucune n’est injustifiée pour autant. Il y a bien du Dominique A, du Bashung ou du Noir Désir, et d’autres encore, mais ces noms-là n’écrasent nullement le disque. En quatre titres, c’est un talent rare et bien personnel qui s’exprime. “Goliath” ouvre le bal avec une simplicité rassénérante, même si l’on sent que ça bout chez Pierre Guénard, qui vient dynamiter la structure initiale de la chanson, l’amenant sur des chemins de traverse, fait de chœurs, de grandes envolées avant un retour à une fin tout en finesse. “La traversée” jette une fois de plus un pont entre une expression très pop finalement (durée de 3’30, mélodie limpide, entraînante) et une vraie virtuosité dans le texte, quand “Le continent” étire une structure plus complexe, sous la forme d’un récit chahuté, vibrant de ce chant toujours sur la corde raide. Même sous une forme plus râpeuse, sur “Demande à la poussière”, Radio Elvis se révèle captivant, tout en tension, à la fois sévère et aérien, évitant les riffs de guitare attendus pour une atmosphère anxiogène. En moins de 25 minutes, le Français a déjà beaucoup donné, beaucoup montré : gageons que la suite sera tout aussi belle.