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Concerts

Sébastien Tellier, Rouen, 106, 10 octobre 2014

Assister à un concert de Sébastien Tellier est une curiosité en soi. Pour le personnage public, certes, mais aussi pour le compositeur prolixe. Il faudrait d’ailleurs se défaire de certaines de ses apparitions dans des talk-shows à grande écoute et se contenter de juger l’artiste au prisme de son oeuvre. Celle-ci a pris forme au début des années 2000 et donné lieu à huit albums studios, un par an depuis trois ans. Les talents du musicien sont également prisés par les cinéastes pour lesquels il figure au générique du film lorsqu’il ne compose pas intégralement la bande originale.  Il prête aussi sa voix ici et là, notamment aux excellents Principles of Geometry sur Tigersushi Records. Une apparition dans un festival sous l’ère « My God is Blue » me laisse un souvenir suffisamment bon de sa virtuosité pour invoquer le Gourou de l’Alliance bleue dans son « Aventura » qui le mène à Rouen. 

Les gradins sont déployés, signe que nous ne serons pas un millier pour Tellier. Aquaserge, entre improvisation jazz et chanson, assure la première partie.

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21h45, chemise à fleurs, veste rouge, foulard bigarré et casquette bleue, Tellier entre en scène sur « Ma Calypso », single du dernier album concept puis enchaîne avec « L’Adulte », l’allusion aux « Mystérieuses Cités d’or » se fait par des vocalises rappelant le générique du dessin animé. Le décor de l’enfance au Brésil est planté. La salle est rapidement plongée dans une ambiance de discothèque, projections de rouge et de bleu, l’orchestration disco-funk façon Cerrone couvre une voix parfois faible. Cigarillo aux lèvres, flash back à l’Eurovision 2008 avec « Divine ». Tellier réclame de la lumière pour voir son public et annonce qu’il va prendre son temps et parler. Il prend place au piano puis fait une allusion à la Basse-Normandie qui provoque les huées du public. Il évoque alors, Flaubert, relatant « Les Trois Contes ». Il demande ce que les gens attendent de lui finalement ? La réponse du public ne se fait pas attendre : de l’amour. Changement d’ambiance pour « Roche », la scène est à demi éclairée de rose, un parasol trône derrière la batterie. Tellier poursuit au piano sur « L’Amour naissant », titre trilogie du précédent album « Confection ».

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Retour à la guitare avec « Kilometer », la voix se fait robotique, il pourrait s’agir d’un remix de son ami Kavinsky. Puis Tellier vient former un tandem avec son claviériste. Mieux vaut ne pas être daltonien épileptique pour ce qui va suivre. Le régisseur joue le sixième homme aux lumières dans une alternance de rouge et de vert. Bienvenue au 106 Club. Le public le réclamait, Tellier livre une version revisitée de « L’Amour et la Violence » qui me cloue littéralement sur place tant la métaphore de la sérénité et du stress est perceptible.

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La température monte, arrive le moment d’ « Aller vers le soleil », ventilateurs en marche et cheveux au vent. C’est au tour de l’ode au Doudou « Mon petit oursinet ». Quoi que l’on puisse penser de certaines chansons, sur scène, Tellier éloigne chacune d’entre elles de ses enregistrements studio. La transition d’avec l’enfance est toute trouvée sur « Ricky l’Adolescent ». Période probablement délicate à en juger par cette version anxiogène. Le concert atteint son point culminant, je ne sais plus très bien où je suis, et ne reconnais pas l’enchaînement un brin tribal en préambule de « La Ritournelle ».

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Extrait du second album « Politics », cette chanson à dominante instrumentale de plus de 7 minutes vaut à elle seule le déplacement. Les percussions colorent le titre phare aux airs de bossa-nova, moment de grâce et de communion. Tellier quitte la scène, à genoux, saluant un public qui l’ovationne, et laissant le soin aux musiciens de poursuivre la partition. Le retour des coulisses se fait vêtu d’une longue cape à capuche, le gourou sommeille toujours en lui. Le rappel se fait dans une version électrifiée de « Sexual Sportswear », le public est survolté. Tellier fait baisser la tension d’un cran en offrant un écrin slow à « Fingers of Steel » qui sonne la fin d’une heure trois quart hors du temps. 

Personnage fantasque, artiste chatoyant, Tellier signe un show à sa démesure dont il est préférable de se faire sa propre idée tant les avis sont contrastés. 

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