Adam Bainbridge est l’un de ces artistes qui peuvent facilement agacer sans même se donner la peine d’écouter la moindre note d’un de leurs disques. Interviewé et photographié dans les magazines les plus pointus, il dispose d’un carnet d’adresses impressionnant aux quatre coins du monde, il est aussi bon danseur que vidéaste, producteur…Heureusement, « Otherness » est là pour nous prouver que l’on est loin de la pose et du phénomène de mode. C’est en effet un album réfléchi et ambitieux qui se dévoile tout au long de ses dix morceaux.
La première partie du disque s’inscrit plus dans la continuité de son prédécesseur « World, You Need a Change Of Mind » avec une veine House et Dance se baladant entre les 80’s et les 90’s (« World Restart », « For the Young »). Mais ici pas de vulgaire copié collé de recettes mille fois utilisées ces dernières années pour séduire les foules. Chaque titre nous prend à rebrousse-poil avec des breaks ou des sonorités inattendues. Le reste du disque emprunte des pistes plus lentes et atmosphériques (« With You » et son sample d’Art of Noise, « For The Young »). C’est surtout sur ces morceaux que l’album gagne en profondeur. Les prestations vocales de ses invités (Robyn, Kelela…) loin de leur confort habituel y sont pour beaucoup. A l’arrivée, malgré la froideur apparente des sonorités électroniques, les morceaux continuent à se dévoiler et à gagner en cohérence après plusieurs écoutes grâce à un assemblage intelligent qui arrive à éviter le piège d’une trop grande densité.
Au regard du talent déployé sur cet album de Kindness, on se met à rêver du jour où, comme Metronomy récemment, Adam Bainbridge enregistrera un disque sans l’intervention d’aucun logiciel.