Rencontre avec l’ancien cerveau des Boo Radleys, Martin Carr, qui sort ce mois ci « The Breaks », deuxième album sous son propre nom. Sans céder pour autant à la nostalgie, on y retrouve une richesse mélodique à laquelle il ne nous avait plus habitués depuis de nombreuses années. Nous avons voulu en savoir plus sur les dessous de ce retour en pleine forme.
On vous retrouve chez une nouvelle maison de disques basée en Allemagne. Comment s’est passée la rencontre et avez vous abandonné définitivement votre propre structure Sonny Boy Records ?
En fait, tout a été discuté par internet car mon nouveau label, Tapete Records est basé en Allemagne. Ils ont un staff que j’aime beaucoup, qui a été très patient et vraiment adorable avec moi. Sonny Boy Records n’en est pas mort pour autant. Une fois la promo du nouvel album terminée, j’ai prévu d’y sortir un nouveau single.
L’album sonne beaucoup plus adulte, mais en même temps c’est le plus pop que vous ayez sorti depuis longtemps. Les mélodies sont vraiment superbes. Cela s’est-il fait naturellement ou bien l’avez vous beaucoup travaillé en studio ?
Dès le début mon idée était de composer des chansons que je pouvais chanter debout sur scène et non plus caché derrière mon ordinateur. Je n’ai jamais commencé un projet avec l’idée de déranger les gens, de rendre l’écoute contraignante. Tous mes albums ont été enregistrés pour être accessibles, mais dans les limites du cadre que je souhaite leur donner. Un album comme « The Breaks » n’a pas été trop difficile à réaliser. Je n’ai pas l’habitude de tomber dans la facilité. C’est probablement la raison pour laquelle je n’ai pas enregistré beaucoup d’albums comme celui-ci !
Une certaine sérénité se dégage de cet album. Le fait d’être père de deux jeunes enfants y est t-il pour quelque chose ?
Je ne sais pas trop. J’aurais plutôt tendance à penser l’opposé ! (rires)
Le son plus classique de « The breaks » signifie t’il que vous vous êtes lassé d’expérimenter avec vos logiciels ?
Je le fais encore au quotidien. Le prochain LP sera enregistré dans mon propre studio, à la maison. L’approche et le son seront forcément différents de « The Breaks ». Les nouvelles chansons que je compose pour le prochain album sont réellement excellentes. Je suis vraiment excité par ce nouveau projet. J’ai même des idées pour celui d’après. J’ai une énergie créative comme je n’en ai pas eu depuis longtemps. Mais je dois pour l’instant me consacrer à l’album qui viens de sortir !
Les influences soul sont flagrantes sur le single « The Santa Fe Skyway ». Quels types de musiques écoutez vous à la maison et quels albums vous ont influencé pendant l’élaboration de « The Breaks » ?
Ce que j’écoute à la maison dépend de la pièce dans laquelle je me trouve. Au rez de chaussée, où ma platine vinyle se trouve, j’écoute des trucs que les enfants sont susceptibles d’aimer. Des singles de pop des années 79-82 (ma période préférée), de la Northern Soul , n’importe quel disque de soul en fait, ELO, Queen, Aphex Twin, le Wu Tang etc. Si je suis dans la voiture, c’est obligatoirement les Beatles car c’est le groupe qui obsède mes enfants. Ils veulent savoir qui chante quel morceau, qui joue de quel instrument. Même le plus jeune me pose ces questions sur les Beatles du haut de ses trois ans. A l’étage, dans mon studio, si je ne compose ou n’enregistre pas, j’écoute la radio (6 Music) ou bien des artistes que les enfants n’aiment pas (Bob Dylan) ou sont un peu trop jeunes pour écouter (Sleaford Mods). C’est un mélange de tout cela qui m’influence au quotidien.
Vous êtes vous intégré à la scène musicale de Cardiff, où vous vivez depuis quelques années ? Des musiciens locaux ont t-ils participé aux sessions de l’album ?
Je ne suis pas certain de faire partie d’une scène quelle qu’elle soit. Je ne sors pas assez. Mais j’ai des amis de Cardiff comme Andy Fung qui a joué avec la terre entière (Super Furry Animals, Sebadoh, Grandaddy…) et qui est le batteur de l’album. John Rea un compositeur reconnu (il a gagné deux BAFTA) a joué de l’orgue Hammond et du piano. Ces deux instruments apportent vraiment beaucoup à la sonorité de l’album. Le plus étrange c’est qu’à la base nous n’avions prévu personne en studio pour ces parties et je devais m’en occuper. Quel gâchis ça aurait été… Richard Parfitt a joué de la guitare. J’adore son jeu, quel ravissement pour moi ! Seul notre joueur de basse, Corin, était Américain.
Vous évoluez depuis 14 ans en solo, d’abord sous le nom de Brave Captain puis sous votre propre nom. N’avez vous jamais eu l’envie de remonter un groupe ?
Si, mais je n’ai jamais vraiment trouvé les bonnes personnes. La complicité et les expériences partagées me manquent vraiment. D’un autre côté, j’apprécie le fait de n’avoir aucun reproche à effectuer à qui que ce soit. N’ayant personne sur qui m’appuyer je travaille plus dur que si j’étais en groupe.
Vous aviez l’idée à un moment de composer pour les autres. Est-ce toujours quelque chose que vous gardez en tête ?
Oh oui, c’est une idée qui ne m’a pas quitté ! Seulement, au lieu de passer mon temps à courir après les gens pour monter des projets qui ont du mal à se concrétiser, j’ai enfin compris qu’il ne fallait pas que je délaisse ma carrière et que je me remette à sortir des disques. De cette façon, c’est peut être eux qui viendront à moi !
Avez vous pour projet de faire une tournée en dehors du Royaume-Uni ? Se produire sur scène est-il toujours une envie pour vous ?
Une tournée est prévue en Allemagne en Janvier prochain. Je suis en ce moment en train de concrétiser des choses pour le reste de 2015. J’ai hâte de tourner avec cet album. Le problème c’est que tout prend tellement de temps dans l’industrie du disque. Une fois terminé, l’album met une éternité à sortir, et quand il sort enfin, tu t’en es déjà détaché car tu travailles déjà sur le prochain.
Vous reconnaissez lutter pour écrire vos paroles. Pourquoi est-ce si difficile pour vous ?
Mon truc à moi, c’est les mélodies. Si je pouvais en composer tous les jours jusqu’à la fin de ma vie je serais le plus heureux du monde. C’est quelque chose de très naturel pour moi. Mais finaliser la musique, écrire les paroles, c’est là où les problèmes commencent. C’est vraiment du boulot. Au final je me retrouve avec 80 000 chansons non terminées qui prennent toute la place dans la maison. Il va falloir que l’on déménage rapidement !