En cette douce soirée de septembre, rendez-vous est pris du côté du Rocher de Palmer, le “complexe” de l’agglomération bordelaise accueillant pour l’occasion un triple plateau, le projet local Qlay, les Canadiens de Thee SIlver Mt Zion Memorial Orchestra et Cheveu. Vaste et copieux programme mitonné par l’association Allez les Filles, et qui se déguste dans la plus grande salle.
Il n’y a pas 1200 personnes pour le début de la soirée et Qlay. Le jeune homme est seul sur scène avec son violoncelle, prend le micro et s’enregistre, commençant un concert qui a oscillé entre une forme douce de blues et les caresses du violoncelle. Le set est très court, une vingtaine de minutes, pas suffisantes pour se faire un avis approfondi, mais les passages les plus riches en boucles furent paradoxalement les plus plaisants. Qlay est normalement un projet solo, avec basse et batterie, et la donne doit clairement changer.
Le changement de plateau est des plus rapides, Qlay ayant peu dans sa valise et les membres de Thee SIlver Mt Zion Memorial Orchestra avaient quant à eux tout installé ou presque au préalable. “Fuck Off Get Free” lance quasiment sans préambule une heure 45 de set, fiévreuse, jouée fort et par vagues successives. Je mentirais en disant que j’ai été submergé complètement : il y a de l’ardeur, de très beaux moments, mais je ne suis pas pris par l’émotion que mettent les Canadiens. Je passe à côté, malgré les passages rageurs où le son se fait violent, où l’excellent duo batteur-bassiste emmène les morceaux vers quelque chose de bouillonnant, malgré “What We Loved Was Not Enough” ou “Thirteen Blues For Thirteen Moons”. Je suis touché, mais pas coulé.
Cheveu promettait une ambiance différente : ce fut le cas. Le trio signé sur Born Bad a eu le malheur de trouver une salle fortement dépeuplée, qui ne s’attendait pas (en tout cas en partie) à une prestation aussi punk après les Canadiens. Parce que, fidèles à leur habitude, les trois n’y sont pas allés par quatre chemins, c’était strident, un tantinet jusqu’au-boutiste dans le côté déglingué, porté par des synthés éclopés et un David Lemoine qui avait son estrade avec son retour. Toutefois, on sent que la soirée aurait pris un autre tour dans une salle plus exigüe, Cheveu faisant plus des chansons propres aux salles dont on peut toucher le plafond en transpirant beaucoup. Là, quelques bouteilles d’eau catapultées dans le public ne suffiront pas à servir d’étincelles pour un concert qui, dans un autre cadre, aurait pu être complètement ébouriffant.