Le duo de Brooklyn She Keeps Bees est l’archétype de ces groupes dont on parle peu, mais qui signent des discographies impeccables, presque sans effort. La recette du groupe n’a en effet rien de très original, avec la rusticité d’une batterie et une guitare pour un blues habité par la voix de Jessica Larrabee. Mais “8 Houses” arrive à maintenir les standards de qualité tout en explorant un peu une autre voie avec réussite.
Il se dégage au premier abord une atmosphère plus apaisée, un tempo un tantinet moins électrique sur ces 9 titres. En tout cas, “Feather Lighter” le laisse à penser, avec son petit gimmick honky tonk, la simplicité de la batterie, et surtout la mise en avant de Jessica, qui n’a peut-être jamais aussi bien chanté. La machine She Keeps Bees est alors lancée, et il va alors être difficile de ne pas succomber, des riffs tout en lourdeur de “Breezy” ou “Both Sides” au charme de “Owl”, tout en langueur, sur laquelle la voix de Jessica Larrabee prend des inflexions soul qui lui vont à merveille. Les atmosphères crépusculaires de “Wasichu” ou “Is What It Is” (où Sharon Van Etten vient en renfort sur le refrain et son orgue anémique) prennent le pas sur l’ensemble du disque, qui ne distille ses coups de sang qu’avec parcimonie, pour une efficacité maximale (“Greasy Grass”, le furieux “Raven”). She Keeps Bees n’en est que plus juste, que plus séduisant aussi, signant une pièce de choix à la croisée du blues et du rock, une de plus pour un groupe qui se bâtit une discographie irréprochable.