La Souterraine et les belles compilations du même nom ont pleinement atteint leur but, car je ne sais si j’aurais écouté cet EP signé Baptiste W. Hamon sans avoir entendu “Les bords de l’Yonne” sur le volume 2. Je l’aurais amèrement regretté, à n’en pas douter.
S’il a autrefois chanté en anglais, Baptiste W. Hamon le fait désormais en français, et ça n’en est que plus beau encore. Pleines d’émotion, les mélodies croisent sans difficultés une veine chanson française pure avec quelques touches de country ou de folk. Plus ou moins riches en instrumentation (les six titres ont enregistrés pour certains au Texas, d’autres en France), les morceaux gardent toutefois une superbe cohérence au travers des mots.
A chaque fois, l’écriture permet de donner vie à ces personnages, à leur destin parfois tragique, à leurs espoirs, à ces trajectoires qui se croisent, s’éloignent. Parfois épaulé par Alma Forrer, dont la voix chargée d’émotion habite “Peut-être que nous serions heureux”, Baptiste W. Hamon sait étreindre le coeur. Alors forcément, “Hervé” de par son titre a un sens particulier pour moi (en plus d’un texte d’une intensité remarquable et de la présence heureuse d’une trompette sur le final). Mais il y a toujours des mots forts, qui parlent aussi de l’enfance avec une rare justesse (“Les bords de l’Yonne”, “Quitter l’enfance”), restituant cet âge où tous les possibles sont devant soi, où tout est plus fort. La forme plus arrangée de “Que la vie est belle” n’empêche pas à Baptiste W. Hamon de garder une belle fluidité, pour des récits intimes donc ou un hommage assumé à Townes Van Zandt (“Van Zandt”, terriblement simple dans la forme mais un récit de toute beauté). Si l’idole du Français a depuis longtemps atteint un statut culte, Baptiste W. Hamon s’impose quant à lui comme un des meilleurs songwriters de notre beau pays, et cet EP entérine la naissance d’un grand.