Avec un nom qui sonne comme un hommage à Bashung ou à Gainsbourg tellement ces deux figures tutélaires ont laissé leur trace tout du long de ces cinq titres, Feu! Chatterton déroule son 1er EP plus que prometteur, élégamment illustré par un homme à tête coupée au beau milieu d’un paysage sobre comme du Hooper.
Auréolé du prix Chorus, du prix Félix Leclerc, des Premières Francos et du Jeunes Talents de Paris, on peut dire que Feu! Chatterton a réussi son entrée. Particulièrement remarqué cette année à La Rochelle, il restait à confirmer sur disque.
Alors que Stockhausen, adepte des fausses notes, voyait dans la catastrophe du 11 septembre 2001, la forme totale de l’art du 21e siècle, Feu! Chatterton s’empare du naufrage du « Concordia » pour en faire une chanson cinq étoiles, pleine de poésie, d’emphase sur le tourisme de masse. Interprété avec beaucoup de verve dans des élans dramatiques qui collent parfaitement au sujet, « Côte Concorde » atteint les abîmes mais surtout des sommets. Arthur chanteur du groupe suffoque, tressaille à l’approche de la lagune et montre une qualité d’interprétation remarquable servie par un texte à la géniale dramaturgie. « Du ciel tombent des cordes, faut-il y grimper ou s’y pendre ? », telle est la question. On est soufflé par la voix légèrement éraillée, p’tit parigot façon Lautner, par un phrasé conquérant notamment sur la très relevée et initiatique « L’Aube ».
Ce EP n’est pas l’étendard d’une seule chanson réussie saupoudrée de quelques garnitures, et pour preuve, « La Malinche », méchant mélange poético-gonzo bourré d’hormones donne une sacrée envie de bouger son booty. La musique du groupe possède un large spectre qui augure d’un prochain album d’une grande élégance et d’une belle audace. Il font aussi des miracles sur scène paraît-il. Affaire à suivre.