Fruit d’un travail à quatre mains avec l’insatiable Ty Segall, « Hair » (2012) était jusqu’ici la plus belle réussite de White Fence. Bonne nouvelle, le nouvel album du projet de Tim Presley a lui aussi vu le jour dans le garage de son acolyte californien, avant de bénéficier d’un mixage « professionnel », dans le confort d’un véritable studio. Autre bonne nouvelle, le résultat est de nature à répondre aux attentes de quiconque espérait voir le garçon mettre un semblant d’ordre dans son bric-à-brac électrifié. Sur « For the Recently Found Innocent », Presley réalise enfin pleinement les promesses éparpillées au gré de ses diverses publications. Et si ses références s’affichent toujours ostensiblement, la fraîcheur de ses intentions lui évite de se confondre avec la cohorte des antiquaires de la galaxie néo-psyché. Une fois de plus, le songwriter choisit de se situer à la marge, affirmant son goût pour les courants les plus déviants. Garage-punk (« The Light »), acid-folk (« Fear »), ou encore pop kaléidoscopique (« Goodye Law ») sont ainsi passés à l’étrange moulinette du génie de la Bay Area. Une lueur mélodique affleure toutefois, comme sur « Anger ! Who Keeps You Under » ou « Sandra (When The Earth Dies) », jolie chanson pop dominée par un orgue songeur. « Arrow Man » laisse pour sa part imaginer ce qui aurait pu se produire si les Kinks avaient répété dans les caves enfumées des freaks de San Fransisco. On pense aussi aux Who période « Sell Out » (la meilleure) le temps de l’éclatant « Like That », traduisant un béguin manifeste pour les emblèmes de la British Invasion. Pour le reste, on détecte encore bien assez de belles étrangetés (« Wolf Gets Red Faced », « Actor », « Paranoid Bait »), pour se rassurer sur le fait que Presley n’a pas encore franchi l’étape fatidique du proverbial « album de la maturité ». Désormais un poil plus lisible, sans pour autant désavouer sa divine singularité lo-fi, White Fence signe ici le joyau garage-pop psyché de la cuvée 2014.
Le webzine de la pop