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Disques

Dick Annegarn – Anticyclone (1976)

 

 « Anticyclone », quatrième album de Dick Annegarn, amorce un virage artistique plus libre sous l’influence d’Albert Marcoeur qui avait déjà commis l’année précédente les arrangements de « Nicotine Queen » (album « Mireille »).

Petit rappel : En 1976 Dick a déjà sorti 3 disques à succès et commence à se fatiguer des tournées, du parisianisme et de la pression médiatique qui lui sont tombés dessus trop vite. Albert Marcœur, lui, est un bateleur inclassable en équilibre entre jazz, rock et chanson, un génial touche à tout auteur d’un premier album en 1974. Entouré d’une tribu fidèle composée de ses frères et de musiciens plus tard reconnus (Pascal Arroyo, François Ovide), celui-ci navigue dans l’underground rock et livre des concerts performances où il apparaît grimé dans un décor de mobilier campagnard (camouflage pour ses amplis). Entre le hippie écolo à succès et ce Zappa bourguignon, la rencontre ne pouvait que faire mouche car, au fond, ils sont deux freaks difficiles à cerner pour l’industrie musicale. Et si Marcœur n’arrange réellement que trois titres (« La bagarre, « L’homme de l’aube » et « Sécheresse »), son influence marque le son de ce quatrième album studio avec lequel Dick Annegarn semble vouloir s’affranchir.

« Anticyclone » n’est pas un album concept mais un disque patchwork où l’on explore un versant plus sombre du bonhomme à coups d’arrangements alambiqués, de ruptures rythmiques et de mélodies sinueuses. Un son qui selon les chansons a résisté au temps ou a très mal vieilli (l’intro pastiche de la face B « Duduche blues » par exemple).

Le disque débute pourtant de manière douce et inoffensive avec « Résonne », une belle balade en picking dans la pure tradition des premières chansons de l’artiste. Puis il amorce un virage radical. On traverse alors une galerie de portraits plus ou moins bizarres (« Prosper », « Judas Iscariote », « Ganaël »), on s’attarde sur d’inévitables ode à la terre/ charge contre la ville « parinoïde » et, fait nouveau, on explore la fascination de l’auteur pour la violence urbaine et les mauvais garçons (« La Bagarre » et « Enfants sans patrie »). Enfin ce disque introduit des manies qui deviendront récurrentes chez lui : le goût des collaborations artistiques (plus tard Jean Avocat, Richard Galliano, Mathieu Boogaerts, Freddy Koella…) et les portraits de personnages, prétextes à des chansons militantes, tendres ou humanistes.

Dans cet ensemble hétéroclite, assez expérimental -mais étrangement mélodieux- brillent quelques titres, « L’homme de l’aube » et surtout « Albert », une balade impudique dans laquelle Dick se laisse aller à une séance d’auto-apitoiement (« Je suis Albert le merle noir et gris, je m’appelle Albert pompourrie, je m’appelle Albert le merle maudit« ). Brouillant les cartes volontairement, ce disque est aussi le reflet d’une époque où une certaine frange du rock français se frottait aux expérimentations sonores tous azimuts. Une œuvre charnière qui, malheureusement, n’a jamais été rééditée en CD.

 

 

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