Je ne suis pas un très grand fan des plateaux à trois groupes. Cela fait des concerts super longs, et finalement peu de temps pour chacun. Mais la triple affiche de ce mercredi de mai à l’iBoat avait pour elle une belle cohérence, et j’y suis allé pour voir si je m’étais réconcilié avec Crocodiles, qui m’avait salement déçu en live (il y a longtemps, donc plus ou moins amnistie) mais dont j’avais apprécié le dernier disque.
Bon, autant commencer par la fin, et donc Crocodiles, tête d’affiche d’une soirée tout en décibels. Je ne suis donc… toujours pas complètement réconcilié avec le groupe, indubitablement. Brandon Walchez en fait des caisses, il a mis une tonne de réverb et sa petite veste en cuir, mais il a une drôle d’attitude je trouve. Habitué des caves bordelaises, Crocodiles joue au gang de petites frappes, mais ça sonne assez faux. Presque autant que le son raté, qui ne rend pas justice à l’empreinte pop du dernier disque, et donne un côté brouillon supplémentaire à des chansons dont le charme réside dans un savant dosage entre crasse garage et mélodies pop de qualité. Là, je suis vraiment passé à côté.
PINS, avant, m’avait fait meilleure impression. Si la moitié de la salle semble se demander comment est habillée la chanteuse (juste un tshirt, en gros, voyez la photo), la prestation du groupe valait plus pour sa qualité que pour ce détail. Ces quatre filles ont du talent, des mélodies qui savent accrocher, parfois tout en épines et en menaces voilées (“LUVU4LYF”), mais c’est surtout quand elles haussent le rythme et le ton (“Waiting for the End” par exemple, “Lost Lost Lost”) qu’elles séduisent le plus, chaque chanson ou presque restant sous la barre des 3 minutes. Pas forcément renversant donc, mais de bons moments assurément.
Be Quiet, les jeunes bordelais m’avaient dès le départ emballé, et même à la fin des trois sets, c’est leur nom que je retenais. Navigant toujours entre une dream-pop caverneuse et un post-punk traversé de passages tout en puissance sonore, les 5 musiciens ne sont pas forcément là pour amuser la galerie. “Gotham”, du nom de leur dernier clip, est par ailleurs un bon indice quant à la teneur de leur musique, qui bénéficie des effets que tire le guitariste de son surdimensionné pedalboard (je ne sais combien il a de pédales et d’effets dessus mais c’est impressionnant), de ces claviers grinçants, de cette basse lourde et de ce chant qui m’a semblé plus abouti que les fois précédentes. S’ils n’ont eu qu’une petite quarantaine de minutes pour s’exprimer, les Be Quiet ont raflé pour moi la mise de cette soirée qui a quand même déclenché les passions (le set de Crocodiles ayant été ponctué d’un sympathique envahissement de la scène félicité d’un bisou). A défaut de la mienne donc.