“Le bonheur inquiet” : voilà bien un disque que j’ai écouté sans arrière-pensée, je dirais même par hasard et curiosité. Dès les premières notes, impossible de ne pas dresser l’oreille, de ne pas être pris par ces mots affûtés, cette atmosphère entre chanson et rock qui semble rôder en permanence. Quand je vois enfin le casting derrière le projet, la surprise est aussi grande : Laurent Paradot était la moitié de Gâtechien, groupe à l’énergie brute, violente. Ici, tout est plus subtil, le Français dévoile une voix pleine de nuances, qui mettent en lumière des textes ciselés, jamais pesants ni abscons. Parad, ce sont des tripes qui sont mises à l’air avec une vraie délicatesse, un croisement finalement pas si fou entre une forme riche (cordes, chœurs et autres en soutien d’une base rock) et un décalage pas si loin du meilleur de Mansfield.TYA.
Si l’ensemble du disque jouit d’une belle cohérence, les chansons brillent chacune d’un éclat particulier : la poésie en délicatesse de “Mauvais perdant” ou de “Ce goût immodéré”, gentiment moqueur, se marie avec bonheur avec l’âpreté de “Encéphalogramme plat”, “Le bonheur inquiet” ou “Envers et contre tout”, proche dans l’énergie de Gâtechien. Difficile de ne pas tendre l’oreille en permanence, de ne pas rester aux aguets de la profondeur des textes, de ne pas se laisser emporter par autant de sincérité et de pertinence. Les mots claquent, ce sont eux les stars, comme sur “La vie, l’amour, la mort”. Ils ne prennent jamais le pas sur la forme, et l’ensemble fait un disque percutant et qui donne envie de s’y frotter, encore et encore : une très grande réussite.