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Disques

Lakutis – 3 Seashells

Lakutis - 3 Seashells

Le New-Yorkais d’origine russe Lakutis, de son vrai nom Aleksey Weintraub, est apparu dans l’entourage de Das Racist, secondant le trio sur « Amazing », un titre de leur Sit Down, Man. Amateur lui aussi d’incongruités sonores, ce rappeur blanc aux cheveux longs se distingue toutefois de nos Indiens excentriques par un style plus agressif et viscéral, par un rap à la fois plus intense et plus technique, et par une attitude et une esthétique lorgnant vers le punk hardcore. C’est en tout cas ce que montre cette seconde mixtape, sortie en février 2014, et intitulée 3 Seashells.

En bon rappeur blanc exalté, notre homme s’exprime sur des instrumentations bizarres, réminiscences du rap indé de l’an 2000. Il rappe sur des beats malsains et démembrés signés par des producteurs obscurs, Steel Tipped Dove, Bill Ding, Black Noise, Spvce et quelques autres. « Jesus Piece », par exemple, repose sur un son électronique vrombissant qui fait mal aux oreilles ; « Mumra » joue d’un beat post-apocalyptique, comme au plus fort de la vague underground de la fin des années 90 ; « Chinese Slippers » s’accompagne d’une guitare abrasive ; « Black Swann », le seul titre où Lakutis invite un autre rappeur, DVS en l’occurrence, est bâti sur une production bruitiste et chaotique ; « Body Scream » s’articule autour d’une nappe de synthé ; et « Skeleton » invente la bounce music pour film d’horreur.

Comme souvent, avec ce hip-hop qui se cherche et qui mange à tous les râteliers (Lakutis s’essaye même au beatboxing sur le deuxième skit), on s’égare quelque peu, on n’aboutit parfois nulle part. Mais quand ça fonctionne, c’est vraiment bien. C’est le cas par exemple avec un « What the Fuck » introductif qui, d’entrée, tape comme il faut, comme au plus fort du rap de rue hardcore des années 90. « Too Ill For The Law » aussi, se montre assez prodigieux, il est sans doute le titre le plus saillant de la mixtape, grâce aux habiles jeux de langage du rappeur et à une production habitée, assurée de main de maître par un certain HGHWND. Et même « Body Scream », où le rappeur s’essaie de manière incongrue au morceau pour les filles, et où il se met au chant avec grand peine, n’est pas sans charme.

Lakutis, au final, n’aura pas toujours mis à profit la durée très courte de sa mixtape (25 minutes environ) pour transformer son rap étrange aux relents horrorcore en quelque chose de solide et constant. Mais il aura fait tout de même bien plus que nous intriguer, et il pourrait trouver sa place parmi les nombreux rappeurs déglingués qui semblent vouloir marquer le début des années 2010.

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