Ça peut paraître ridicule mais je considère un peu les Pixies comme les Beatles de ma génération et la carrière solo de Black Francis, avec ses hauts et ses bas, comme celle de John Lennon (réécoutez vraiment Lennon, tout n’est pas génial, loin s’en faut…). Les cinq albums du groupe (y compris « Trompe-le-Monde », trop souvent sous-estimé) sont pour moi fondateurs : après plus de vingt ans, leur énergie et leur enthousiasme surréaliste et peuplé d’OVNIs m’accompagnent toujours fréquemment.
Qu’attendre donc de ce nouvel album ? Sincèrement, pas des miracles et le fait est que le disque n’est ni miraculeux… ni complètement honteux. Disons qu’une vilaine césure aux deux tiers de l’album calme un peu l’enthousiasme que l’on peut avoir au début : mais là où le changement de braquet fonctionnait sur la fin de « Bossanova » et son délicieux final en dilettante, on s’enfonce plutôt ici, à partir de « Ring the Bell » dans des mid-tempos plutôt quelconques (boogies mou, effets un peu kitsch…).
Pourtant, avec « What Goes Boom », cet album (comme les précédents) démarre sur les chapeaux de roues, avec un hardcore décoiffant ; sur cette première partie, on retrouve les bons titres qu’on avait déjà repérés sur les EPs : « Indie Cindy » et « Blue Eyed Hexe » dans la tradition pixiesienne, « Magdalena 318 » en minauderie séduisante ou plus encore, mêlant énergie rock, scansion presque hip hop et chœurs féminins (même si la pochette ne le mentionne pas, il doit bien s’agir de Kim Deal), le plutôt novateur « BagBoy ». Mais la seconde partie de l’album, sans être franchement désagréable, s’enlise dans les travers qu’avait pu rencontrer Frank Black en solo, et seul le punk-rock tout de même bien sympathique de « Snakes » sauve la fin d’une certaine torpeur. Pas de quoi clouer « Indie Cindy » au pilori du rock donc, c’est au final un album rock plutôt correct mais – soyons honnête – bien loin de l’excellence que pouvaient avoir de bout en bout ses prédécesseurs.