Platinum Party : voilà qui sonnait bien, car le label bordelais a depuis le temps montré la profondeur de son catalogue, jamais conformiste. Avec Rich Aucoin, la fête s’annonçait déjà complète, mais la venue de Shiko Shiko en première partie avait encore fait monter le curseur de la curiosité chez moi.
En effet familier du groupe depuis un certain temps, au travers de leur 3ème EP, j’avais très envie de vérifier que leur côté débridé passait l’épreuve de live. La réponse a été plus que positive, avec une prestation incroyable. Tout en breaks, en montées en régime qui alternent tout aussi vite avec des syncopes qui font penser à une schizophrénie latente, la musique de Shiko Shiko est excitante. Et la prestation de son chanteur n’est pas anodine dans ce sentiment, tellement il donne envie de l’accompagner dans ses poses, ses danses plus ou moins dérangées. La profondeur du répertoire du groupe me surprend aussi positivement : de « Aquapark » à « Masca Masca » en passant par « Let’s Go to Pyongyang and Kill a Bunch of People », la densité de bombes entre pop, post-rock et noise rappelle que Shiko Shiko a sa place dans les groupes français les plus fous du moment.
Le temps de faire place à Rich Aucoin, je me mets au premier rang. Toute autre position est inenvisageable, étant donné le souvenir mémorable que je gardais de son précédent concert dans le même lieu, il y a 16 mois de ça. La valise est là, elle contient la toile de parachute qui sera de sortie un peu plus tard sur “We Are Experiencing”, un des grands moments des 45 minutes proposées. Mais je vais un peu vite en besogne. L’expérience d’un tel concert nécessite un peu de mise en jambes, au travers d’un générique en l’occurrence (où défileront des noms sur l’écran géant), qui sert autant à faire monter l’excitation qu’à remercier les gens, et à les inciter à vivre le moment à fond.
Impossible de faire autrement de toute façon. Un concert de Rich Aucoin, c’est un exutoire, un bonheur très fort, l’occasion de se dépenser pleinement, de crier dans le micro. Le Canadien n’est pas en reste, il lance ses boucles pop, dynamitées par le toujours énergique Antoine Pasqualini à la batterie, le seul qui n’a pas l’occasion de sauter. Je trépignais avant même les premières notes, alors ces 45 minutes s’avèreront tout aussi jouissives que suffisantes. Quel plaisir de crier à tue-tête sur “Undead”, de se tenir par les épaules sur “It”, de faire des high five, de suer, chanter, sauter. C’est physique, c’est intense, et à la fin, tout le monde a envie de prendre Rich, complètement KO (“I’m gonna puke”), dans ses bras. On lui doit bien ça à notre super héros pop, qui sait mieux que quiconque incarner la musique dans ce qu’elle a de plus vibrant. Merci mille fois Rich, c’était une fois de plus unique, et totalement merveilleux !