Nul n’est besoin d’être fondu d’Americana pour plonger dans la dernière livraison du groupe d’Adam Granduciel, tant il prend souvent des allures de classique.
On retrouve le sens mélodique et l’évidence qui avaient tant séduit sur « Slave Ambient » et « Wagonwheel Blues », et toujours bien sûr les références aux piliers country-rock US. Avec une tendance quand même à éclaircir le propos, dans un contexte personnel plutôt sombre (séparation, tout ça…) : donc moins de volutes psychédéliques, peut-être, mais des arrangements de claviers vintage ou de cuivres plus présents. « Under the Pressure » en sonne comme une première illustration, dans une lignée épique dylanesque rappelant un peu les early Waterboys (jusque dans le phrasé, d’ailleurs). Alors que « Red Eyes » nous joue le coup d’une construction somme toute très basique, mais assénée avec une urgence qui en fait un assemblage implacable et imparable.
L’animal semble donc plus enclin que jamais à lâcher les chevaux, sans jamais perdre une once de sa maîtrise, envoyant sans coup férir des cavalcades de guitares échevelées (« An Ocean in Between the Waves »), de la ballade au lyrisme aussi fervent que décomplexé (« Eyes to the Wind ») ou du country-folk démantibulé (« Burning », que n’aurait sans doute pas renié Clap Your Hands Say Yeah)
Cette absence de calcul, véritable marque de fabrique du disque, est sensible également dans les passages plus ralentis, entre un « Suffering » sans fard, un « Disappearing » plus atmosphérique, ou « Lost in the Dream » aux allures plus apaisées.
Avant de nous serrer définitivement la gorge avec une ballade aussi spectrale et lumineuse que « In Reverse », histoire de prouver, si c’était encore nécessaire, qu’au-delà du talent (et Dieu sait qu’il n’en manque pas), la recette des grands disques se trouve aussi là, quelque part entre le cœur et les tripes.