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Disques

Klô Pelgag – L’alchimie des monstres

Premier contact, premières notes, et un coup de coeur : écouter Klô Pelgag fut plutôt une chose facile pour moi, comme une évidence. Elle était à son piano, il y avait beaucoup de gens pour la voir et elle avait l’air totalement décalée et assurée en même temps. C’était en finale du concours du festival International de la Chanson de Granby en 2011 : je l’ai toujours suivie depuis.

Par où commencer avec cet album ? D’une densité incroyable, au point que l’on découvre encore des finesses mélodiques après des dizaines d’écoutes, il n’en reste pas moins gracile. Cette réussite tient tout d’abord à la personnalité hors norme de Klô Pelgag, qui amène sa voix où elle le désire, des inflexions les plus caressantes aux “coups de gueule” les mieux sentis. Il y a d’abord cette écriture, magnifique, qui réussit un mélange parfait : des textes poétiques, joyeusement lugubres, sombrement entraînants, qui brassent des thèmes comme la maladie, le départ ou une folie que l’on sent guetter un peu partout. Il y a aussi ce groupe incroyable qui entoure Klô Pelgag, de son batteur qui n’est jamais avare pour dépasser les limites de son drum set, et ce quatuor de cordes qui sait appuyer quand il faut, ou faire entendre sa (ses) voix.

En onze titres, il y a beaucoup à explorer. De la chanson, c’en est donc, mais elle est tellement audacieuse que “Le dermatologue” frappe en plein coeur, avec ses cordes et son ambiance décalée, qui d’ailleurs va perdurer. “La fièvre des fleurs” qui vient ensuite est déjà un sommet, avec sa rythmique presque jazz, ses changements de rythme toujours bien placés, et ses textes qui abordent frontalement la maladie et jouent avec, la rendant presque supportable, même si la tristesse rôde non loin : “Elle est partie, en leucémie, elle a laissé tous ses livres, elle est partie vivre, à chimiothérapie, c’est un nouveau pays”. La maladie et la disparition effleurent plusieurs fois (“Rayons X”, “Taxidermie”), mais Klô Pelgag et son groupe n’ont pas leur pareil pour nous balader, en tissant des toiles chatoyantes, pleines de vie, de poésie. Il y aura bien assez de tristesse (“Silence épouvantail”, avec Klô seule au piano, “La neige tombe sans se faire mal”) pour ne pas avoir envie de se laisser porter par cette énergie virevoltante, ces mots qui cassent leurs limites (“Nicaragua”). Ce mélange est de ceux qui sont faits pour durer, séduire encore longtemps : c’est déjà le cas, car “L’alchimie des monstres” a eu un effet renversant sur moi.

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