Découvert il y a quelques années avec un premier album réussi mais encore lesté par le poids de ses influences, Fanfarlo avait par la suite laissé entrevoir sa singularité, à la faveur d’un deuxième essai nettement plus accompli et long en bouche (“Rooms Filled With Light”). Aboutissement du lent processus d’émancipation des Londoniens, leur troisième réalisation s’avère être l’une des nouveautés les plus consistantes de ce premier trimestre 2014. Les points d’ancrage sont certes toujours les mêmes, mais Simon Balthazar et sa clique enrichissent leur formule en accordant une place plus déterminante aux sonorités électroniques, conférant ainsi à leurs nouveaux titres une tonalité plus dansante et chatoyante encore que par le passé. Si la base des chansons demeure donc foncièrement classique, on a le sentiment que Fanfarlo se lâche enfin et assume pour de bons ses vastes ambitions. Alors forcément, à vouloir faire ainsi étalage de toutes les facettes d’une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît, le groupe manque parfois sa cible. Ainsi, tandis que le majestueux “Life In The Sky” joue six minutes durant la carte d’une émotion sans esbroufe, la tentative electro-pop kitsch “The Distance” démarre plutôt bien avant de s’essouffler beaucoup trop prématurément pour susciter une adhésion totale.
C’est davantage lorsqu’elle investit le terrain d’une pop à la fois ample et baroque, héritière de Prefab Sprout ou Dexy’s Midnight Runners, que la formation parvient à trouver le dosage adéquat (“Cell Song”, “Painting With Life” et son épilogue détonant). “Myth of Myself” et le morceau-titre final, conduits par le chant plus assuré de Balthazar, devraient pour leur part inciter la troupe à exploiter de façon plus régulière un filon orchestral battu par les vents de la mélancolie. Le single équilibriste “Landlocked”, puis “We’re The Future” et ses emprunts culottés à la pop synthétique des 80’s, rappellent aussi que plus encore que des vedettes d’Arcade Fire auxquels le monde entier les a déjà comparés, les cinq Fanfarlo sont sans doute à rapprocher des trop méconnus Guillemots. A l’instar du groupe de Fyfe Dangerfield, le quintette semble s’être donné pour mission de sortir la pop anglaise de son pré carré. Une louable entreprise dans laquelle ces jeunes gens enthousiastes se perdent encore, inévitablement, de temps à autre. Pour autant, leur démarche ne manque pas de panache.