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Disques

Franck Monnet – Waimarama

Franck Monnet - Waimarama

Huit ans déjà que Franck Monnet nous avait salement lâchés pour d’autres contrées. De nouveau chez l’écurie Tôt ou Tard, « Waimarama » est un disque-pont, entre Paris et sa nouvelle terre d’attache, la Nouvelle-Zélande, entre sa vie d’avant et sa vie de père.

C’est par une écriture toujours juste, économe, prenant tantôt des chemins directs, très pop, très spontanés jusqu’à des moments plus suggérés, moins pénétrables, plus égarés que Franck Monnet nous donne à voyager : les terres enfouies de l’océan Pacifique, Montréal, le bocage sarthois, un Paris devenu trop grand, la recherche des grands espaces. Mais, bien plus qu’une compilation de destinations plus ou moins paradisiaques « Waimarama » résonne comme le disque d’un homme libre, assumant ses choix, fouillant dans son passé comme pour en extirper un semblant de réponse et cela toujours par le biais de chansons faussement modestes et naïves. Les dix titres de l’album forment un beau voyage alternant le chaud, le froid comme le climat capricieux de Wellington. Et c’est peut-être aussi cette capacité de simplicité, de belle limpidité qui émeut le plus sur ce disque nu. « Quelqu’un » en est peut-être le plus bel exemple : « le mépris des gens, je pourrai m’y faire mais le dégoût de soi-même, jamais. »

Du joli monde aussi sur ce disque en la personne de Camélia Jordana. « Plus rien à me mettre » est à deux doigts de nous mettre le spleen juste avant les grands ménages de printemps. La trop discrète Pauline Croze et la talentueuse Jeanne Added récemment entendue chez Rachid Taha ont également participé à certains chœurs. Et puis il y a ce très bel hommage à Lhasa de Sela sur « Les Faons », mère nourricière, déesse Diane de notre homme. Il y a également la chanson « John » qui par le biais d’un hommage à Lennon n’est qu’un subterfuge pour y glisser furtivement une autobiographie de notre globe-trotter.

Et si on a entendu il y a quelques mois « La Crise » d’Albin de la Simone, un compère de Tôt ou Tard, à l’écriture resserrée assez proche, Monnet préfère y voir plutôt les bons côtés sur « Anorak » ou bien repenser aux heures de gloire de « La Belle Industrie » française. Une vision hédoniste, un brin effet « Amélie Poulain » qui redonne un peu de fougue patriotique ainsi que « la garantie d’un avenir meilleur et pas seulement pour les trois meilleurs ». En tous cas, crise ou pas crise on partirait bien et « Waimarama » est une bien belle destination.

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