Que de monde ! La foule est en effet compacte pour ce premier concert de l’année civile au Krakatoa, et l’affiche ne donne pourtant pas dans la facilité avec en tête d’affiche Red Fang, groupe “couillu” mais qui a su franchir des barrières, à en juger par le public disparate. Si le cuir est de rigueur, on sent aussi de la curiosité pour le groupe qui a marqué lors de son dernier passage à Bordeaux (mais aussi l’été passé au Hellfest).
Le coup d’envoi est confié à Lord Dying. J’arrive un peu après le début des hostilités, mais ça, le groupe n’en a que faire. Ce sont des bulldozers, avec un pedigree aux frontières du métal tant c’est lourd, hurlé (par un sacré bonhomme, impressionnant !) à pleins poumons, avec une batterie qui envoie du très lourd, avec même une double pédale. C’est… puissant, voilà.
The Shrine prend la suite, et le glissement se fait : moins fort, plus dans une veine heavy-rock très bien foutue. C’est une fois de plus joué fort, mais le trio a de la compo classe, qui donne envie de se faire pousser les cheveux et de retourner 40 ans plus tôt, ou à défaut de remettre aussi les disques des Datsuns sur sa platine. Rythmiques lourdes, guitare maltraitée, et l’envie de headbanger : une belle prestation.
Les quatre Red Fang arrivent en terre conquise, de plus chauffée à blanc par les premières parties. L’excitation est à son comble et la foule très dense, et ça se comprend. Red Fang envoie du gros son, et c’est rapidement assez jouissif, tant l’équation mélodies / puissance est remarquablement maîtrisée. Les réduire à des bourrins serait une grave erreur : tant d’efficacité ne saurait mentir sur la qualité de Red Fang, qui enchaîne les déflagrations terriblement addictives comme “Prehistoric Dog”, “Wires” ou les plus récents “DOEN” ou “Blood Like Cream”.
Difficile de résister à tant d’énergie et tant de bonhomie aussi, car ils ont l’air d’être juste contents d’être là, et de jouer dans de belles conditions, après avoir expérimenté la chaleur d’une salle bordelaise l’été dernier. Là, il subsiste le fun, l’envie de bière et l’impression de puissance jouissive. Red Fang a confirmé haut la main les louanges qui lui étaient adressées, avec un Krakatoa chauffé à blanc : énorme, tout simplement.