Voici quatre bonnes raisons d’aimer « New Sensations » de Lou Reed :
– Tout d’abord parce que c’est un album dont toutes les chansons (oui, toutes, on l’avait un peu oublié sur les albums précédents) sont bonnes et s’écoutent avec un réel plaisir (même « High in the City », le pseudo-reggae de la fin de l’album),
– Plus important peut-être, c’est sur « New Sensations » que le chanteur (avec l’aide de son co-producteur John Jansen) va bâtir le son moderne qui va bientôt le caractériser : guitares rythmiques saturées mais pas débridées, une basse solide, une batterie dont les frappes sont nappées d’écho et peu de fioritures ; si on y ajoute la voix mi-chantée mi-parlée de Lou Reed et quelques chœurs féminins, on a déjà tous les ingrédients qui composent « New York » et bien des albums des années 1990 de Lou Reed. Basique, mais diablement efficace.
– Et donc, « New Sensations » fait mentir ceux qui pensent qu’il n’y a rien d’intéressant dans la discographie de Lou Reed entre « Rock’n’roll Animal » (1974) et « New York » (1989) : musicalement impeccable, de « I Love You Suzanne » à l’enthousiasmant « Down at the Arcade », assez intéressant aussi au niveau des paroles : tantôt amusantes (ne me dites pas que vous n’avez pas compris l’allusion de « My Red Joystick »), tantôt désabusées. « Doing the Things that We Want to » se ballade même entre allusion à Martin Scorcese et confession aux auditeurs : « d’une certaine manière, vous êtes les meilleurs amis que j’ai jamais eus ».
– Et enfin, si vous voulez répliquer aux vieux croûtons qui pensent qu’en 1984, le rock (et ses représentants les plus connus) commençait à avoir un sérieux coup de mou, « New Sensations » est un solide contre-exemple.
En 1984, une nouvelle ère s’ouvrait pour le chanteur du Velvet Underground : « New Sensations », album trop confidentiel et clairement sous-estimé, est un jalon à ne pas négliger dans la discographie solo de Lou Reed.