La Belge avait déjà fait forte impression avec son album “Troops”, dont la sophistication allait de pair avec une atmosphère venimeuse que la musicienne met à nouveau en avant avec cet EP de reprises. 4 titres pour une couleur : noir, du noir profond et dans lequel on se perd avec délectation. Liesa Van Der Aa n’a pas froid aux yeux, et les déconstructions qu’elle pratique sont des plus jouissives, car sans limites, sans frein. Le concassage en règle du “Nightclubbing” d’Iggy Pop est édifiant, achève de rendre la chanson trouble, l’épaissit avec des saccades et une bonne dose de puissance. Elle s’attaque avec la même envie à Lou Reed et son “Vanishing Act”, déconstruisant à l’extrême la simplicité magnifique du titre de l’Américain au profit d’un habillage baroque, intriguant et flirtant avec le jazz, qui s’élève par instant avec des choeurs sublimes. Et le “Rid of Me” de PJ Harvey, s’il garde toute son énergie rock, est traversé de part en part par le violon agressif de la Belge, qui se montre à son aise quelque soit l’atmophère. Et il lui faut bien cette capacité d’adaptation pour arriver à transcender le… “Paroles, Paroles” de Dalida. Dit comme ça, ça semble être un pari sidérant, mais la sensualité de la chanson a eu tôt fait de vaincre mes réticences, captivé également que j’ai été par le duo de voix entre Johan Luysen et la violoniste, qui s’essaie au français, elle la Flamande. Sa stature ressort indéniablement grandie de cet exercice qui peut facilement virer à l’échec : entre respect et force de caractère, elle a su trouver sa place, et elle mérite bien des éloges pour cela.