Alors que l’artiste s’est déjà lancée dans un nouveau projet de chansons en français, Atalaye (on en a eu un bref et convaincant aperçu il y a quelques mois aux Trois Baudets, à Paris), il est grand temps de consacrer quelques lignes à ce que Catherine Watine décrit comme “une parenthèse”. Soit This Quiet Dust, association avec le musicien folk Paul Levis, également auteur de musiques pour le théâtre, et le multi-instrumentiste Arnaud Delannoy. Cette fusée à plusieurs étages (disque vinyle, clip, sessions filmées, concours de remix…) s’est d’abord concrétisée à travers un EP de 7 titres en téléchargement. Le projet a trouvé son aboutissement (mais pas son terme) avec un album de onze plages sorti en novembre dernier.
La rencontre entre les univers de Paul Levis et de Watine semblait une évidence. Le premier tisse de délicates trames acoustiques, riches de nombreux détails, sur lesquelles la seconde murmure des poèmes d’Emily Dickinson. Elle a totalement fait siens les textes de la poétesse américaine du XIXe siècle, sans doute proches de ses propres thèmes et préoccupations, les chante comme s’ils étaient d’elle. Ici, pas de récitation ou de déclamation qui mettraient les mots en avant, reléguant la musique au rôle de simple accompagnement : tout est finement imbriqué, la voix souvent se dédouble pour donner plus de relief aux vers. La prise de son, très incarnée, fait entendre le souffle de la voix, le glissement des doigts sur les instruments – ou du moins, elle donne cette impression de proximité qui peut rappeler certains disques de Lambchop. De ce folk frémissant et intimiste se dégage un beau mystère, que n’épuisent pas les écoutes successives.