Wayne Coyne, meneur des doux-dingues Flaming Lips, confiait il y a peu son enthousiasme pour ce disque au magazine britannique Mojo. Pas étonnant que le premier effort solitaire de Jim James, leader de My Morning Jacket, trouve ainsi grâce aux oreilles du créateur de « The Soft Bulletin » : tout comme les albums de son propre groupe, « Regions of Light and Sound of God » est une œuvre exigeante, ne se laissant apprivoiser qu’au prix d’écoutes attentives et répétées, en décalage total avec une époque où tout va décidément beaucoup trop vite.
Rompant brutalement avec l’univers country-rock sudiste auquel sa formation principale demeure invariablement rattachée, le songwriter du Kentucky embarque l’auditeur dans une sorte d’odyssée musicale en forme de concept-album un rien énigmatique. Pourtant, derrière un titre aux relents mystiques peu engageants, se dissimule l’un des ouvrages les plus surprenants de ces derniers mois. Passant sans complexes d’une introduction hypnotique sur fond de funk futuriste (« State of the Art ») à une chanson pop à l’esthétique typiquement 80’s (« Know Til Now »), puis des accents orientaux d' »All is Forgiven » aux effluves cosmiques d’une ballade finale lennonienne (« God’s Love to Deliver »), Jim James explose avec bonheur toutes les frontières stylistiques qui pouvaient autrefois entraver ses envies de grandeur.
A la fois éclectique et parfaitement homogène, « Region of Light and Sound of God » démontre surtout qu’expérimentation et prise de risques ne sont pas nécessairement incompatibles avec le maintien d’une certaine exigence en termes d’écriture. L’artiste signe ainsi, comme pour couronner le tout, une composition qui restera l’une des plus belles choses entendues cette année : la parfaite « A New Life », aux allures d’improbable tube rétro sur lequel semble planer l’esprit de Roy Orbison. A la fois personnel dans les thématiques abordées (l’amour, la tentation, la création, l’intégrité) et universel pour la diversité de ses orientations musicales, l’étonnant « Region of Light and Sound of God » mérite incontestablement le détour.