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Concerts

Lee Ranaldo and the Dust / Shadow Motel – le 20 novembre 2013 à la Ferme d’en Haut

C’est vrai que la Ferme d’en Haut, il faut la trouver, à Villeneuve d’Ascq, près de Lille – au détour d’une simple voie résidentielle. Mais la salle, bien équipée, offre un refuge à la fois chaleureux et moderne aux artistes… La soirée était sous le signe, non pas du cocooning, mais plutôt d’une certaine pop-rock à tendance bruitiste, avec Lee Ranaldo, échappé de Sonic Youth depuis la séparation du groupe en 2011. Et puis il y avait la première partie, Shadow Motel, sélectionnée par Tour de Chauffe (dont on salue encore l’initiative ici, et puis aussi un peu là). Le trio lillois (quoiqu’un peu toulousain, si on a bien suivi), commence pile à l’heure un set assez martial. La batterie est sèche et précise, le guitariste a de vagues airs de Thurston Moore, justement, dans l’indolence avec laquelle il fait valser sa guitare en l’air, et un synthé assez débraillé et souvent bien senti vient compléter l’ensemble. On regrettera la voix de la chanteuse claviériste un peu en retrait, au mixage et sur la scène, pour que ça envoie tout à fait – un set globalement efficace, mais que je regardais/écoutais plus avec intérêt qu’en étant vraiment happé…

Faut-il y voir une allégeance peut-être appuyée à leurs prestigieux successeurs sur scène ce soir-là ? On me dit dans mon oreillette que certains de leurs concerts récents furent plus convaincants. À suivre donc, ou à découvrir en ligne.

           Shadow Motel

 

  J’avais rencontré Lee et ses trois comparses quelques heures plus tôt pour une interview bientôt retranscrite ici. Autant Ranaldo et Shelley ne rechignent nullement à évoquer Sonic Youth, autant, sur scène, le répertoire n’est constitué que des deux albums, Between the Times and the Tides, et le récent Last Night on Earth – tous les deux finalement assez pop, tout en louchant, réflexe atavique, sur l’expérimentation, que voulez-vous… Les morceaux joués ce soir-là sont plutôt courts et incisifs, couplets/refrain, et le public, assez sonicyouthien, semble attentif mais un peu en attente de décharge électrique. Peu importe au groupe, qui déroule tranquillement, mais hyper-efficacement. Néanmoins, Ranaldo reste avant tout un guitariste, qui ne résiste quasiment sur aucun morceau à une envolée sonique ou à une déflagration bruitiste.

La frappe sèche de Steve Shelley est une merveille de bout en bout et structure les morceaux. Quand on le voit déambuler autour des stands, avant et après le concert comme s’il voulait vendre deux T-shirts pour boucler sa soirée, on a quand même du mal à se rendre compte que ce mec est le batteur de Sonic Youth, avec sa silhouette de Monsieur Tout le Monde ; mais sur scène, quelle claque !

                                           Lee Ranaldo & the Dust

C’est parfois frustrant de voir Lee respecter à ce point le format des morceaux originaux, et de s’arrêter assez rapidement dans ses divagations guitaristiques – d’autant que le premier quart d’heure promettait des échappées délirantes : Ranaldo sort un archer et se prend pour Jimmy Page, puis se sert de son portable comme bottleneck (enfin je crois), sans qu’on sache trop s’il essaie de produire du son ou s’il appelle un copain… Il y va de quelque anecdote ou explique l’inspiration derrière un ou deux morceaux, mais la plupart du temps ça enchaîne sans se poser de questions : les Off the Wall, Stranded ou The Rising Tide, quasi-standards désormais pour les fans de la carrière solo de Ranaldo, défilent. Et on se rappelle que les compos, loin d’être de simples prétextes à une échappée solo (ou duo ?), sont de belles petites fulgurances en équilibre entre pop assez standard et flamboyance rock, voire noisy.

Bref, globalement, on a du mal à échapper au mythe Sonic Youth derrière tout ça mais force est d’avouer que le set de Ranaldo & co, sans être révolutionnaire, fonctionne à merveille.

 

 

 

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