Il est inutile de nier les liens qui existent entre Microcultures et POPnews : plusieurs collaborateurs du micro-label ont écrit dans ces pages (ou y écrivent toujours). Ce n’est donc pas étonnant de trouver une certaine communauté de pensée entre les deux structures : bien des sorties de ces cultivateurs creusent des (micro-)sillons qui sont parallèles aux nôtres. Et de part ces liens quasi-familiaux, les choix de sortie de Microcultures rejoignent souvent l’idée que POPnews se fait de la pop/du rock/du folk.
Il n’est donc pas étonnant que je vous dise tout le bien que je pense de cet album ; mais compte-tenu de ce que je viens de dire, je ne voudrais pas qu’il y ait de méprise : si j’apprécie beaucoup des sorties de Microcultures (je n’ai peut-être pas tout écouté), ce disque de Hospital Ships les surpasse probablement tous (même les disques de Soltero que je porte pourtant dans mon cœur).
Ce « Destruction in Yr Soul » du groupe de Jordan Geiger puise dans tout ce que le rock a de ressources pour nous mouvoir et nous émouvoir : des morceaux aux mélodies vraiment impeccables, des instrumentations simples (on en reste souvent aux basiques guitare/basse/batterie) et jamais pataudes et un groupe qui manie à la perfection les alternances entre phases calmes et orages subits (sans le systématisme des montées en puissance du post-rock) avec une batterie qui navigue toutes voiles dehors sur certains titres. Dans cette capacité à mêler très belles mélodies pop et sauvagerie rock, on pense pas mal à la Patti Smith des débuts – le côté poète(sse) plus ou moins maudit(e) en moins. Car en plus des qualités musicales, on se laisse emporter par la voix chétive, un peu à la Thom Yorke, de Jordan Geiger qui donne au tout un aspect assez fragile et… touchant. On retrouve finalement cela dans le nom du groupe : le côté conquérant, explorateur du vaisseau et le côté vulnérable, blessé de l’hôpital… La puissance et la fragilité d’un album qui a tout pour vous dévaster l’âme.