Comme quoi le concept de seconde chance a du bon. Si je m’étais arrêté à l’effet (ou plutôt l’absence d’effet) que m’avait laissé A Grave with No Name lors de son passage en première partie de Youth Lagoon cet été, il est sûr que je n’aurais pas accordé une oreille à ce « Whirlpool ». Donc plutôt qu’un enthousiasme pressant, c’est une curiosité quasi scientifique (« voyons donc la différence entre la scène et le disque »), voire vaguement malsaine, qui m’a fait me pencher sur l’objet. Lequel d’ailleurs ne manque pas de raison de prêter le flanc à toute sortes de railleries, tant il peut donner l’impression de vouloir bouffer à tous les râteliers indies. Pas besoin d’une dissection très poussée pour qu’apparaissent par ici quelques tripes grunge (« Dig Me Out »), par là des muscles noisy (« Origami ») ou des nerfs shoegazing, voire un petit palpitant folk (« Six Months »). On pense aussi parfois aux (ahem…) Smashing Pumpkins de « 1995 » (« Float », « 73 »). La seconde partie, plus apaisée, se tourne plutôt vers une sensibilité située quelque part entre Flaming Lips ou Sparklehorse, en moins endolori quand même (« Bones », « Streams », »Steps »), le leader Alex Shields poussant même alors jusqu’à un certain mimétisme vocal.
Au milieu de ce namedropping non exhaustif, que reste-t-il alors qui nous fait finalement rengainer les armes et poser les cailloux ? Certainement et avant tout un minimum d’âme et une réelle sincérité, une palpable absence de malice qui en fait cimente l’édifice. D’autant que si le matériau est visiblement de récupération, il est finalement bien retravaillé, à travers un prisme qu’on devine personnel. Les compositions se tiennent généralement très bien, avec qui plus est le bon goût de faire plutôt court.
Pour résumer, on ne tient pas là un grand œuvre original (ça, on l’avait compris), mais tout de même plus qu’un simple digest.