Le quatrième album d’Alela Diane fait suite à une rupture amoureuse. Comme beaucoup d’autres songwriters avant elle la jeune américaine s’est emparée de ces événements biographiques récents, en l’occurence son divorce, pour constituer la matière principale d’un album court, jamais plaintif, et qui évoque l’idée d’une lente dérive, d’un mouvement intérieur mis à jour au fil des jours ou des mois, jusqu’à parvenir à nous.
Notre écoute se doit d’être attentive et répétée pour percevoir toutes les qualités de ce disque lumineux, même celle les moins perceptibles. Le temps est son allié.
Ces morceaux auraient pu être enregistrés dans le plus grand dépouillement, près de l’os, mais l’américaine a fait le choix d’une production riche d’échos et de cordes sur plusieurs titres (« The Way We Fall », « Lost Land », « Hazel Street » notamment) et l’instrumentation se met toujours au service de sa voix calme et sûre d’elle-même. Des décalages se créent ainsi entre la lucidité et la violence contenue de certains mots et l’art de les prononcer, tout en tension retenue. La perte de l’être aimé, les lieux partagés, les odeurs, différentes sensations corporelles sont convoqués dans des textes brillants qui ne prennent jamais le risque de l’effusion ou du pathos. De cette savante combinaison Alela Diane tire un Folk majestueux, parfaitement mis en scène. Un disque magnifique, qui dépasse la seule auto-analyse, pour toucher à une certaine forme d’universalité.