Il s’agit d’un des seuls groupes, si ce n’est le seul, pour lequel mes réflexes de fan sont encore présents. Le seul aux concerts desquels je squatte les premiers rangs, et dont j’achète les disques le jour même de leur sortie. Il faut dire que Camera Obscura a une sacrée responsabilité. Le groupe a, à mon sens, la charge de reprendre la quête de la chanson pop parfaite à l’endroit où Belle & Sebastian l’avait laissé au cours des années 2000.
Après 3 albums de fort belle facture, les Ecossais ont signé leur magnum opus en 2009 avec le splendide « My Maudlin Career », où résonnaient les mots de l’amour, du manque, des nuits solitaires sur fonds de mélodies déchirantes et à la production d’une rare élégance.
Une si longue absence. Tracyanne Campbell, songwriter exclusive du groupe, a elle-même été confrontée à l’angoisse de la page blanche : « New Year’s Resolution – to write something of value / New year’s resolution to write something would be fine », chante-t-elle ici. Après quatre ans, j’aurais tant aimé les voir enfoncer le clou, et montrer au monde la beauté absolue des mots de Tracyanne Campbell et de ses mélodies à la fois évidentes et subtiles. Las, « Desires Lines » n’est qu’une demi-réussite.
La voix de Tracyanne, fragile et boudeuse, fait toujours des merveilles. Elle illumine tout particulièrement « This Is Love (Feel Alright) », « New Year’s Resolution » et « Desire Lines », distillant une douce et belle désespérance, si caractéristique de l’ambiance du groupe. C’est pourtant cette ambiance que l’on a parfois du mal à retrouver dans ce nouvel album.
Les manques de l’album tiennent à la fois à la forme : une production quelque peu standard enlève un punch certain aux morceaux. Le parti pris de mettre davantage en avant les claviers, s’il se révèle efficace sur « Break It to You Gently », enlève parfois le relief nécessaire aux morceaux. Les nappes synthétiques sur « Cri du Cœur » sont toutefois d’une rare beauté.
Sur le fond, les morceaux sont tout simplement moins intenses que sur l’album précédent. La magie continue toutefois à opérer sur les morceaux plus calmes de l’album : « William’s Heart », le « Cri du Cœur » déjà cité, et le splendide titre éponyme, qui clôt le disque. A l’inverse, « Every Weekday » manque singulièrement de mordant, tandis que « I Missed Your Party » lorgne largement dans sa construction mélodique sur « Everybody Wants to Rule the World » de Tears for Fears.
Pour un autre groupe, j’aurais applaudi des deux mains, mais de la part de Tracyanne, j’attendais un album plus cathartique. J’en attendais peut être trop. Mais je ne pense pas. Camera Obscura est assez exceptionnel pour qu’on exige de lui l’excellence. J’attendrai encore que cela revienne. En attendant, je me remets l’album. Réflexe de fan, que voulez-vous….