Je tue tout suspense dès à présent : « Inner Seasons » est une franche réussite. Et pourtant, mon dernier contact (en live) avec la musique du groupe, il y a à peine 6 mois, m’avait quelque peu refroidi. Doutes rapidement dissipés lors de la première écoute. Alba Lua a grandi, mûri, mais cette nouvelle donne n’a pas pour autant gommé les traits de caractère du trio. Les frontières de la dreampop ne sont jamais loin, mais le groupe fait le voyage tranquillement, plutôt tendance cheval au pas sous pleine lune : bref, les titres donnent à rêvasser sans pour autant sembler à l’arrêt.
Mélodiquement, c’est du velours, c’est plein de brillance et de scintillements, dans les guitares surtout. Si la mélancolie guette toujours au coin, il y a quand même de la vie, une vraie énergie pop qui rend la balade des plus majestueuses. En 11 titres, il y a bien des cohabitations : la pop fougueuse de « She’s Got a Crush on You » sonne comme les élans amoureux de jeunes gens (que sont les Alba Lua d’ailleurs), et sa gaieté manifeste se retrouve sur la bien nommée « Alegria ». La rêverie, mais aussi une langueur à laquelle il est plus que plaisant de se laisser aller (« Nobody’s Child », « Clandestines », « Barbarism »), voilà de belles sensations. Mais l’album eût été moins réussi s’il n’y avait pas eu cette belle production, qui sait mettre en avant les lignes de guitare, le soin apporté à chaque mélodie, cette ampleur dans l’écriture, qui permet de dérouler « My Sleeping Season » sur 7 minutes sans jamais manquer ni de souffle ni de passion. Alba Lua, c’est le rayon de soleil d’une pop transfrontières, et ce « Inner Seasons » pourrait me suivre sur bien des saisons.