Depuis « L’arrière monde », sorti en 1998 chez Lithium, chacun des albums de Holden a pris une place particulière dans ma discothèque : une de ces places qui fait que l’on peut reprendre cet album (pourtant connu par cœur) et le remettre dans la platine avec un bonheur égal pour chacun d’entre eux… Alors oui, l’annonce de l’enregistrement d’un nouvel album du groupe mené par Armelle Pioline et Mocke Dépret est un événement. Et oui aussi, en septembre dernier, quand le groupe lance une collecte de fonds sur le site kisskissbankbank.com pour financer l’enregistrement de cet album, j’y vais sans hésiter… Et les « kissbankers » qui sont rapidement nombreux, montrent que je ne suis sans doute pas le seul à donner cette place particulière aux chansons d’Holden.
Après trois albums enregistrés et mixés au Chili par Uwe Schmidt (a.k.a. Atom), Sidération marque clairement un virage pour Holden. Ce nouvel album est en effet le premier qu’ils autoproduisent, le premier enregistré en France depuis « L’arrière monde » (et le premier qu’ils sortent en vinyle). Un retour aux sources en quelques sortes. Ce retour aux sources s’entend d’ailleurs tout au long de l’album : la production est aussi soignée, mais plus sobre, plus spontanée que sur les trois précédents, et les textes plus introspectifs, et peut-être encore plus personnels. « Car maintenant je n’aime que les routes en col, les chemins de glisse et les pentes folles ».
On n’est malgré tout jamais vraiment dépaysé avec Holden. Ce qui ne change pas, c’est le brio avec lequel ils arrivent à marier des textes en français avec des mélodies pop illuminées, le tout avec une élégance remarquable. Des mélodies et des textes fragiles comme du verre, une magie qui opère dès les premières notes / paroles de chaque chanson. « Il n’y a rien de plus beau que l’ombre de ta bouche sur le carreau ». La voix d’Armelle est une caresse chaude, teintée de mélancolie. Une voix qui n’a peut-être jamais été autant mise en valeur que sur cet album. Une voix qui, tout au long de l’album, partage la vedette avec la guitare envoutante de Mocke. Une guitare au son feutré qui n’a, elle non plus, jamais autant été mise en avant. Et c’est sans aucun doute cela qui fait de Sidération une pure merveille : le duo parfait formé entre cette voix et cette guitare, les deux piliers de Holden, mis réellement sur le devant, pour la première fois depuis quinze ans.
Si « sidération » évoque un anéantissement, il est sans aucun doute plus approprié d’aller chercher du côté de la racine latine de ce mot pour parler de cet album : sideratio, qui signifie influence des astres… Parce qu’il ne fait aucun doute que Sidération ira rejoindre très vite les autres album de Holden : près des étoiles, près du cœur, près de la platine, prêts à être écoutés et réécoutés.