Alexandr Vatagin est un jeune homme très occupé : patron de Valeot Records, label spécialisé dans les musiques expérimentales et exigeantes, musicien aux multiples facettes (ses talents vont du violoncelle à la musique électronique ou electro-acoustique pour laquelle, de toute évidence, il se passionne) ; il collabore ainsi avec les Génois de Port Royal et pas mal de groupes de son label.
Mais, parmi toutes ces tâches, voilà qu’Alexandr Vatagin sort un album bien à lui, qui lui a pris du temps (il précise sur la pochette l’avoir enregistré de 2007 à 2012) et dans lequel on reconnaît ses passions : l’exigence d’une électronique minutieuse, qui joue sur les strates et sur les ambiances, qui se plaît, telle une araignée, à tisser une toile dans laquelle les autres instruments vont venir s’engluer – là, une guitare cristalline en arpèges, ici un piano, parfois accompagnés de quelques mesures de batterie. Et Vatagin évite certains travers du genre : le premier, c’est qu’il reste toujours concis ; ses morceaux évoluent, montent en puissance mais ne tirent jamais à la ligne – « La Douce » par exemple se finit sur quelques notes de violoncelle qui disparaissent presque trop vite. Les huit morceaux de « Serza » amorcent des ambiances, suscitent la curiosité et l’envie sans jamais verser dans l’ennui. Le musicien sait aussi parfaitement s’entourer par des instrumentistes sobres mais aux sonorités impeccables et d’autres alchimistes en électronique. Autre point fort de ce disque, c’est que jamais il ne sacrifie la mélodie au profit des expérimentations : là où certains se complairaient à une démarche radicale et stérile, Alexandr Vatagin garde toujours une démarche de musicien qui fait de « Serza » un disque dense, riche, aventureux mais aussi tout à fait abordable.