Il y a trois ans, l’épatant « Beachcomber’s Windowsill » avait fait souffler un vent de fraîcheur salutaire sur la scène pop britannique. Biberonnées au folk américain, les chansons du groupe d’Oxford apparaissaient parfois comme les héritières de celles de James, ce grand groupe populaire mais aussi souvent incompris. On pensait surtout au James des débuts, du temps où les chansons de Tim Booth avaient le don de faire mouche à chaque nouvelle floraison. Pour ce deuxième effort, Stornoway poursuit dans cette veine un poil rustique (comme l’indique d’ailleurs le titre de l’album), tout en injectant un brin de fantaisie, voire même de déraison, dans sa belle machinerie. Et une fois de plus, les chansons sont au rendez-vous : on reste bluffé par la consistance et la tenue de ces compositions au classicisme assumé (Stornoway fait au passage toujours figure de belle incongruité au sein du catalogue 4AD).
D’entrée, « You Take Me As I Am » allume la mèche et renvoie définitivement tous les Mumford & Sons de la terre à leurs chères études. Plus loin, « The Bigger Picture » évoque une correspondance avec The Decemberists (et donc, par filiation, avec le R.E.M. des débuts). A trop vouloir alterner les montées et les descentes pas toujours totalement assurées, Stornoway court certes le risque de dévisser en beauté (« Knock Me on the Head », grand single potentiel hélas un peu loupé). Mais ils retombent malgré tout régulièrement sur leurs pieds à l’occasion de passages plus paisibles (« Farewell Appalachia », « The Great Procrastinator », « November Song »). C’est surtout lorsqu’elle joue la carte de l’humilité que la bande marque les esprits : enrobé de cordes majestueuses, « The Ones We Hurt the Most » est taillé dans ce bois précieux dont on fait les classiques. Un peu moins de grand-huit, un peu plus de pondération : voilà donc ce que l’on espérera de leur future troisième livraison.