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Disques

Bernard Lenoir l’Inrockuptible – disque 2

Durant quelques décennies, Lenoir a été l’un des passeurs essentiels de la musique indépendante en France ; retour sur quelques titres plus ou moins emblématiques qui ont marqué les amateurs de « musique pas comme les autres » et quelques générations de chroniqueurs de POPnews.

v/a - Bernard Lenoir l'Inrockuptible

The Stone Roses – I Wanna Be Adored

En 1989, le cœur du rock bat à Manchester et le groupe le plus emblématique de la cité britannique s’appelle The Stone Roses : arrogant, arty, groovy, mélodique, un peu psyché… il veut être adoré et l’est à juste titre. Longtemps après l’ère Beatles, ce premier album des Stone Roses fait encore office de mètre-étalon de la pop, aussi efficace dans son salon que sur les pistes de danse… comme en témoigne son incroyable titre d’ouverture, « I Wanna Be Adored ». (CDu)

The Wedding Present – Brassneck

J’ai dû découvrir les Weddoes sur scène en 91 ou 92 : intensité maximale, cordes de guitare arrachées dès le premier morceau, et David Gedge qui présentait le groupe en français par ces mots, ou à peu près : “Bonjour, nous sommes le Cadeau de Mariage. Nous ne faisons jamais de rappel” (aujourd’hui, je crois qu’ils en font)… Se décrivant lui-même comme “le groupe le moins compliqué du monde”, le Wedding Present aura symbolisé une certaine idée de l’indie rock anglais. Peu de groupes l’auront portée avec autant de flamme et de persévérance. (V.A.)

Cat Power – Nude as the News

Petit souvenir personnel : 1997, retour de stage après 6 mois d’exil loin de Bordeaux ; un copain et moi avons repéré ce titre incroyable chez Lenoir et sur une compilation des Inrockuptibles (un bon magazine de l’époque) et l’artiste, Cat Power, dont nous ignorons alors tout, passe au Jimmy (une salle minuscule de la ville) le soir-même. Il y a du monde mais on ne doit pas dépasser les 250 personnes ; Chan Marshall, accompagnée alors à la batterie de Steve Shelley (Sonic Youth) est à 1m50 de nous, sur une estrade d’à peine 15 cm. Le concert est d’une densité incroyable, le public, malgré la présence de quelques mecs bourrés, reste attentif. Chan Marshall va conclure son concert comme elle le faisait à chaque fois à cette époque : en prétextant une douleur à l’oreille. Mais reste ce souvenir incroyable, et « Nude as the News » comme point de départ intime d’une passion qui ne faisait que commencer. (CDu)

Jean-Louis Murat – Le Lien défait

On l’oublierait presque mais avant de se prendre pour Neil Young et de sortir ses guitares bluesy au tournant du siècle dernier, Jean-Louis Bergheaud était un chanteur pop. « Le Lien Défait », titre issu du spleenéique et charnel « Le Manteau de Pluie » (1991) en est une preuve éclatante : mélodie simple et accrocheuse, paroles tout à fait intelligibles quoique poétiques et orchestration soyeuse – le fidèle Clavaizolle aux claviers, Neil Conti des sublimes Prefab Sprout chers à Lenoir (voir titre suivant) à la batterie. Si l’habillage a changé, le propos reste heureusement peu ou prou le même : métaphores animalières, sauvages et sensuelles, mélancolie amoureuse non dénuée de légèreté constituent toujours à ce jour la sève des chansons du grand Jean-Louis. (M.C.)

Prefab Sprout – When Love Breaks Down

Je n’associerais pas spontanément Lenoir et Prefab Sprout, sans doute parce que le groupe de Paddy McAloon traversait l’une de ses nombreuses éclipses quand j’ai découvert l’émission. C’était donc bien après la sortie du fantastique deuxième album, « Steve McQueen » (1985), dont ce quasi-hit single est extrait. De tous les songwriters présents ici, McAloon est peut-être le plus éminent – et le moins rock, au fond. On aimerait bien qu’il donne un peu plus souvent de ses nouvelles. (V.A.)

Cocteau Twins – I Wear Your Ring

C’est Bernard Lenoir qui m’a fait découvrir les Cocteau Twins, avec cet album, « Heaven or Las Vegas ». Une musique incroyable, déracinée à la terre d’on ne sait trop quelle planète. Les entrelacs de voix de l’immense Liz Frazer, les nappes synthétiques et les notes de guitare de Robin Guthrie, la basse de Simon Raymonde, réunis pour un « funk couleur cerise ». Aujourd’hui encore, alors que les trois protagonistes sont passés à autre chose, cette musique d’autres antipodes est restée singulière et réellement bouleversante. (CDu)

Tindersticks – Rented Rooms

Difficile sans doute de choisir une seule chanson d’un groupe aussi productif et constant dans la qualité, qui compte ici de nombreux fans. Extraite du troisième album « Curtains », celle-ci est magnifique et très représentative de la manière des Anglais, mais bien d’autres auraient pu faire l’affaire. En tout cas on n’est pas étonné que cette musique sombre, habitée et élégante ait trouvé un écho chez Lenoir… Souvenirs de 45-tours beaux et rares rapportés de feu la boutique Rough Trade de la rue de Charonne, avant même la sortie d’un premier (double) album dans lequel on aimerait se perdre encore et encore (il dure près de 80 minutes). Et d’un concert diffusé en direct de la Salamandre à Strasbourg (il y en aura d’autres, et des Black Sessions), où Stuart Staples en voulait apparemment à un ingé son incompétent… Le groupe, qui connaît une deuxième jeunesse avec un line-up renouvelé, fête cette année son vingtième anniversaire. (V.A.)

Everything But The Girl – Each and Everyone

Là non plus, un groupe pas vraiment lié pour moi à Lenoir, même si c’est peut-être son émission qui me l’a fait découvrir. Je me souviens aussi d’une Black Session à l’époque de la renaissance électro du duo (mais je me demande s’ils n’avaient pas joué unplugged…). Tiré de leur formidable premier album, le bien nommé « Eden », ce morceau rappelle que l’Angleterre connut dans la première moitié des années 80 une rafraîchissante vaguelette jazz-pop. Heureusement, Tracey Thorn et Ben Watt avaient suffisamment de talent pour y survivre, et prouvèrent par la suite que leur inspiration était nettement plus variée. (V.A.)

Belle & Sebastian -The Stars of Track and Field

Début 1996 (en pleine ère du  CD) un groupe écossais, Belle & Sebastian, sort, exclusivement sur vinyle, un album intitulé « Tigermilk ». Un album tiré à 1000 exemplaires. En 1996, quasiment plus aucun groupe ne produit d’albums vinyles, et les baladeurs mp3, myscape, bancamp, etc. sont des concepts plus proches de la science fiction que de la réalité. Le web n’en est encore qu’à sa version 1.0. Pourtant, les échos sur les webzines naissant, les forums de news et les mailing-lists font de « Tigermilk » un album culte. Plus personne n’ayant de platine vinyle, tout le monde attend une réédition CD, mais le groupe de Stuart Murdoch signe sur un nouveau label (Jeepster Records) et sort six mois plus tard, un nouvel album : « If You’re Feeling Sinister ». « The Stars Of Track and Field » est la première chanson de cet album. Une chanson emblématique du groupe : des voix éthérées, une mélodie enjouée et intemporelle, des guitares très 90’s , et un texte au lyrisme très révélateur sur Murdoch et les autres membres du groupe : « Make a new cult every day to suit your affairs / Kissing girls in English, at the back of the stairs / You’re a honey, with a following of innocent boys / They never know it / Because you never show it ». Sans doute une des plus belles chansons de Belle & Sebastian. (Chloro)

Ian McCulloch – Proud To Fall

Là encore, un morceau que je me souviens avoir beaucoup entendu dans l’émission de Lenoir. “Proud to Fall” est tiré de “Candleland”, premier album solo du Liverpudlien à grande gueule (pléonasme ?), hanté par la mort (celle de son père et de Pete DeFreitas, batteur des Bunnymen) mais jamais morbide. Aujourd’hui, McCulloch vit sur son héritage, alignant des albums sans saveur sous l’étiquette Echo and the Bunnymen et jouant régulièrement sur scène ses chefs-d’œuvre du passé. A l’époque, Bigmouth était encore capable de faire des strikes. (V.A.)

PJ Harvey – Dry

Il aurait été impensable de faire cette compilation sans un titre de PJ Harvey. « Dry », qui a le même nom que le premier album de la rockeuse anglaise, mais qui est sur « Rid of Me », son deuxième album, n’est sans doute pas celui que j’aurais a priori sélectionné. Pourtant, en le réécoutant, je me suis dit que tout y était : la voix de Polly Jean qui mélange rage et désir, la nature sexuelle des paroles, le son savamment roots (avec Steve Albini aux manettes), les riffs de guitare hargneux et la douce mélodie sous-jacente… La présence de PJ Harvey sur cette compilation était obligatoire, et « Dry » est une des chansons qui illustre le mieux ses deux premiers albums. (Chloro)

Pixies – Monkey Gone To Heaven

On n’écoute plus trop les Pixies, ces jours/mois/années-ci. Peut-être qu’on les a trop écoutés. Mais on adore toujours « Doolittle », sa pochette bicolore à singe sanctifié, ses accès d’épilepsie minute, cette façon de prendre en défaut la loi de Murphy et de retomber sur l’autre côté du gras. Lenoir, dans notre souvenir, était obsédé par « Doolittle » dont il diffusait régulièrement au moins huit titres. Le choix pour cette compilation s’est porté sur « Monkey Gone To Heaven », clairement pas notre préféré (« Hey », « Debaser », quand même…). Voyons dans la difficulté du choix une preuve supplémentaire de son proverbial bon goût ! (CDes)

Dinosaur Jr. – Freak Scene

Même si j’ai écouté avec plaisir leurs derniers albums, Dinosaur Jr. reste l’un des groupes de mes années de lycée, découvert avec « Green Mind » (leur seule belle pochette ?) en même temps que Sonic Youth, Pixies, My Bloody Valentine (ces derniers curieusement absents de la compile) et autres adeptes du boucan plus ou moins mélodieux. Ce « Freak Scene » de 88 reste l’un de leurs sommets, parfait équilibre entre le hardcore le plus branleur, fruit de l’ennui des banlieues pavillonnaires US, et un rock plus classique. On suppose quand même que leur reprise de Peter Frampton, noyée sous la disto et chantée au-delà du faux, était une blague. (V.A.)

Alain Bashung – L’Apiculteur

Cette chanson est à jamais liée dans mon esprit à un fichu 14 mars 2009. C’est avec ce titre que Lenoir clôt son émission spéciale consacrée à l’immense chanteur français disparu le jour-même. Le morceau est un modèle de construction Bashungien, au texte (coécrit avec le toujours fidèle Jean Fauque) à la fois décalé et totalement émouvant, voir véritablement bouleversant. « Chatterton » (1994), l’album dont est issue cette chanson, est aussi le moment d’une mutation dans la carrière de Bashung, artiste alors déjà largement inclassable qui larguera définitivement les amarres avec « Fantaisie Militaire » (1998) puis avec ce diamant noir, aux confins de « L’Irréel », qu’est « L’Imprudence » (2002). (M.C.)

The National – Mistaken For Strangers

The National est un des groupes favoris de POPnews, la rédaction les suivant depuis leur premier album homonyme de 2001. A ce titre, c’est un plaisir de découvrir dans cette compilation « Mistaken For Strangers », le premier single de l’album « Boxer » (2007), par lequel la bande de Matt Berninger se fit connaître d’un plus large public. On retrouve dans ce morceau l’éternel chant à la prose marquée de Matt, qui confère à leurs compositions une manière toute particulière de nous raconter ses histoires.  The National est l’un de ces groupes qui doit beaucoup à Lenoir, qui les a réellement sorti de l’ombre. (J.D.)

Mazzy Star – Fade Into You

Techniquement, je découvrirai cette chanson sur « Ketchup & Marmelade », à l’époque où Ouï-FM était encore audible – le frisson instantané qui suivit, l’impression d’écouter la chanson la plus érotique/droguée/désespérée du monde reste gravé dans ma mémoire et se réactualise à chaque nouvelle écoute. « Fade Into You » est la plus grande chanson des années 90, point. Nous chérirons toujours Lenoir, une amie et moi, d’avoir invité Mazzy Star pour une Black Session où nos hurlements d’extase ne parvinrent pas à couvrir le barouf bleuté du studio 105. Les Angelenos finirent en rappel avec deux reprises : « Rock Section » des obscurs Colours Out Of Time – dilaté, sombre, obsédant – et « Hair and Skin » de Green On Red, dont le riff de guitare narquois et éperdu se mariait comme l’Enfer ou le Paradis à la voix sublime de Hope Sandoval (par ailleurs, parfaite harpie opiacée, et nous étions bien placés pour le savoir – moi en tout cas…). (CDes)

The Jesus And Mary Chain – Darklands

Difficile (pour nous) de choisir entre le premier album des Jesus and Mary Chain, où les mélodies pop sont enfouies sous plusieurs couches de bruit (influence majeure pour toute la scène noisy qui suivra) et le suivant – dont est tiré ce morceau éponyme -, nettement plus apaisé. Si les Ecossais réussiront encore quelques jolis coups par la suite, ils ne retrouveront en tout cas jamais la sève de leurs débuts. On n’est d’ailleurs pas plus impatients que ça d’entendre un nouveau disque annoncé depuis belle lurette, et dont on n’est pas certains qu’il voie le jour. (V.A.)

The Frank & Walters – This Is Not as Song

Les premiers singles de ce trio indie pop de Cork (Irlande), sortis au début des années 90, avaient séduit par leur sens mélodique, leurs paroles loufoques et leur absence de prétention. La suite ne tint pas totalement ces belles promesses, mais laisse tout de même de quoi remplir un copieux best-of. Le groupe, encore en activité bien qu’assez oublié, se produit de temps en temps dans des bars et des petites salles, y compris en France. Un peu de légèreté pour finir. (V.A.)

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