Ce troisième album d’Ólöf Arnalds, premier à être entièrement écrit en anglais, n’est pas celui d’une inconnue. Depuis une dizaine d’années, l’Islandaise s’est en effet illustrée, c’est une sorte de tradition chez nombre de ses compatriotes musiciens (si l’on songe aux plus fameux, de Björk à Sigur Ròs), dans plusieurs projets collectifs : membre sur scène de Mùm, elle a également travaillé avec le bassiste Skulli Sverrisson. En 2010, sur son disque précédent, la multi-instrumentiste signa d’ailleurs un duo remarqué avec Björk, « Surrender », taillé sur mesure pour leurs deux voix d’exception.
Avec « Sudden Elevation », Ólöf Arnalds poursuit ses recherches d’un folk libéré de ses attaches terrestres. Ici, éloge de la lenteur et mélancolie lumineuse. Une suite de morceaux courts, acoustiques, tout en intériorité. L’instrumentation est mise au service de la voix chantante, ondulante de l’Islandaise. On pense à cette grâce touchée avant elle par quelques-unes de ses consœurs scandinaves, de Stina Nordenstam à la Anja Garbarek des débuts. Et si l’ensemble manque parfois d’ampleur, la faute à une production trop sage, quelques moments d’exception emportent l’auditeur vers des territoires rarement entendus. « Return Again » se présente ainsi comme une ballade enveloppante qu’un voile léger, quelques notes de piano et cordes rêveuses, soulignent à peine. « Little Grim » s’envole, prenant in fine l’allure d’une chorale improbable. « Numbers and Names » se construit comme un étonnant jeu de voix en écho. Le morceau titre évoque même le Nick Drake de « Pink Moon », guitare au plus proche de la mélodie, l’émotion à nu. A lui seul il mérite notre attention.