Oh ! Le bel objet que voilà. Dans un écrin format 45T, se love le nouveau CD d’Albin de la Simone. Celui que l’on connaît depuis maintenant une bonne dizaine d’années, sort « Un Homme » chez Tôt Ou Tard : une maison qui lui va comme un gant tellement ses participations y ont été nombreuses (Boogaerts, Cherhal…)
« Un Homme » oui, à la voix frêle, pas bien en place, quelque chose entre le nasillement d’un Pierre Lapointe et la préciosité de Katerine époque dandy et pas chemise à fleurs… « Un Homme » enclin aux doutes, chahuté par des kilos de lait, kilos de langes, des morts trop maquillés, des escapades que dis-je, des fuites amoureuses sous les touches romantiques d’Alexandre Tharaud.
Les histoires se font, se défont et s’emmêlent parfaitement grâce une atmosphère sereine, constante tout au long du disque. De la mélancolie aussi notamment sur « Ma crise » qui subtilement, nous rappelle les grandes heures de Souchon sur une rythmique carrée qu’un banjo aura du mal à rendre plus riant.
Qui peut être cet Albin de la Simone ? Un homme à la maladresse constante ? Jamais à sa place, total insatisfait adepte de la procrastination et de la fuite en arrière ? Sûrement un peu de tout ça. « Un Homme » mais, beaucoup de femmes et un certain talent d’écriture pour en parler : « Sur la peau pâle d’une épaule, deux lettres de cyrillique et la blessure d’une bretelle rouge brique… » ou « Assise au bord de mon lit, la première femme de ma vie me caressait de ses grands yeux bleu gris. Enrobée de papier crépon, parée de bijoux de bois, elle fumait une Alain Delon et me regardait, moi. »
« Un homme, des femmes, Alain Delon et du beau monde aussi en la présence de JP Nataf, et d’Emiliana Torrini qui s’essaie au français autour d’une citation de Lamartine : « Un seul être nous manque : moi, moi, moi, moi ». Magnifiquement arrangé, écrit avec économie, laissant l’auditeur dans un état d’apesanteur – le rêve comme paradigme dans le processus d’écriture – De la Simone, a réussi à nous renverser aussi bien par ses questionnements graves, désopilants à certains endroits, que par son immaturité. Qu’il ne change surtout pas de psy.