Impossible d’envisager ce treizième album de Ron Sexsmith sans en évoquer d’abord le casting. Producteur des trois premiers longs formats du Canadien, ainsi que du remarquable « Time Being » (2006), l’éminent Mitchell Froom est en effet de retour au pupitre à l’occasion de ce « Forever Endeavour ». Serait-ce la joie de ces retrouvailles qui confère son parfum immédiatement familier à ce nouvel opus ? Toujours est-il que l’on retrouve ici le charme incomparable d’un songwriter qui, sans jamais rien révolutionner mais avec une régularité exemplaire, nous aura plus d’une fois régalé de ses pop songs aux allures de classiques intemporels.
Rompant avec la mise en son musclée pour laquelle il avait inopportunément opté sur son précédent méfait (« Long Player, Late Bloomer », tentative infructueuse de draguer les ondes FM nord-américaines), l’ourson de l’Ontario revient ici à ce qu’il sait faire de mieux : une pop classique et divinement orchestrée, dont l’écriture tutoye régulièrement la classe internationale. Il plane comme un halo de sérénité au dessus des douze pistes de ce disque, ce qui contraste d’ailleurs nettement avec l’ambiance inquiète dans laquelle il semble avoir été conçu (le garçon était alors dans l’attente de résultats d’examens médicaux potentiellement très préoccupants). Le sentiment de douce quiétude qui se dégage de « Forever Endeavour » en revient surtout à une instrumentation particulièrement soignée : cor, hautbois et cordes enrichissent sa palette sonore et servent à merveille un chapelet de chansons aux mélodies délicatement inspirées. Plus que jamais à la hauteur de ses influences (McCartney, Costello, Nilsson…), Ron Sexsmith pose avec cet album, sans réelle surprise mais véritablement somptueux, un jalon supplémentaire le long de son chemin vers la postérité.