Après « Low Voice Conversation » et « Narco Corridos », deux albums très réussis, sortis en 2007 et 2010, Narrow Terence revient avec « Violence with Benefits », enregistré dans la chapelle baroque de l’école de musique d’Apt, où Nicolas Puaux (chant, guitare, basse, piano) et Antoine Puaux (chant, guitare, batterie) donnaient des cours de musique suite à une condamnation de 150 jours de travaux d’intérêt général. Un album qui dévoile quelques inédits, mais aussi des versions (faussement) assagies et (complètement) réarrangées de certaines des chansons présentes sur « Low Voice Conversation » ou « Narco Corridos ». Un album plus acoustique, plus mélodieux, et sur lequel rien n’a apparemment été laissé au hasard. Des arrangements classieux aux euphonies et pizzicati du violon de Christelle Lassort en passant par les volutes du trombone de Kevin Cerovich ou la douceur de la batterie d’Alexandre Viudes, « Violence with Benefits » est un album acoustique sans doute plus accessible que ses deux prédécesseurs… Mais un album tout aussi sombre et plein d’énergie.
Car même en abandonnant les guitares électriques et saturées, les Narrow Terrence ont su garder la tension qui habite leurs chansons. Que ce soit sur « Bottom Bitch » et « Wet Dead Horses », lourdes et saturées sur « Narco Corridos », transformées ici en gospel bluesy, « Liar » et « Ghost Meeting » deux complaintes langoureuses et inquiétantes, ou « Enki » et « Still Waiting » aux mélodies mélancoliques, les cinq membres de Narrow Terence confirment leur talent de metteurs en musique. La qualité et la finesse des arrangements (à peine croyables quand on sait que l’album a été enregistré en deux jours) et le soin apporté au son et à l’enchaînement des chansons, mettent plus que jamais en valeur les compositions et les textes de ce groupe trop méconnu.
Détaché de toute mode, alliant un rock organique à des mélodies ténébreuses, « Violence with Benefits » est un album touchant et profond, saisissant et inclassable, capable de filer la chair de poule à tout le monde… même à la statue de Saint Charles Borromée qui en orne la pochette.