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Disques

Bed – Flowersongs

Bed - Flowersongs

Putain, dix ans ! Dix ans qu’on écoute Bed (mais le monde ne veut pas écouter) pour le meilleur et le meilleur. Après s’être montré plus Mark Hollis que Mark Hollis avec « The Newton Plum » et « Spacebox », puis plongé dans un concentré de pure pop anglo-saxonne avec l’inusable et incroyable « New Lines » (réunissant dans le même écrin deux des meilleurs batteurs français et featuring Olivier Mellano en fleurettiste de luxe), Bed nous revient sous la forme d’un bouquet de titres téléchargeables , tout de suite, maintenant.

« Antofogasta » résume presque la carrière de Bed : voix diaphane et piano épuré des débuts, batterie solide puis basse ronflante depuis « New Lines », soit le grand écart entre le début du post-rock Talk Talk et la pop sous XTC. On n’oublie pas les constructions labyrinthiques pour autant avec des ponts, des sous-ponts, des irisations en boucle et une petite construction de mur de guitares shoegaze dans le fond du jardin : tout y est.

« Nickel on steel » reprend les affaires là ou « New Lines » les avaient laissés. On y croise un Robert Palmer qui n’aurait pas peur des grands espaces à parcourir dans des voitures à vivre, des entrelacs savants de guitares clairettes, une voix mixée en avant, une basse qui claque, des soli de guitare pleins d’harmoniques. Dieu, qu’on aimerait revoir ça en live parce que Bed, c’est aussi une redoutable machine de guerre sur scène, trop peu vue et donc terriblement nécessaire.

Avec « Kropotkine », on retrouve les marottes anarchistes du lecteur de Thoreau, et les versants boisés de Bed, jamais très loin des morceaux ligne claire de Yo La Tengo. On aime se perdre dans les nappes de guitares, couches après couches, pleines d’échos, de frottements. Je jurerais presque qu’il y a encore (beaucoup) de Mellano là-dedans, génie aussi incroyable à entendre qu’à voir (bis repetita placent).

« Echoes of love » poursuit le filon du deuxième Feelies (ces guitares claires magnifiques qui tricotent à n’en plus finir) pour se mêler, le temps d’un refrain, à la source Prefab Sprout.

Sur « Flowers in Japan », c’est encore plus flagrant : est-ce la bande de M. Kaplan ? Celle de Paddy ? Non, c’est mieux que tout ça, c’est le pont irréalisable entre la perfide Albion et l’oncle Sam synthétisé par des architectes artisans collectivistes hautement recommandables : Bed.

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