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Disques

Midget! – Lumière d’en bas

Midget! - Lumière d'en basEn attendant un nouvel album de Holden – le premier depuis « Fantomatisme » en 2009 – qui ne devrait plus trop tarder, il est vivement conseillé de se pencher sur les projets « parallèles » des deux membres fondateurs du groupe, Armelle Pioline et Mocke. Après l’album solo de la première sous l’alias Superbravo, c’est le second qui s’y colle avec sa compagne Claire Vallier et quelque complices, sous le nom de Midget!. A priori, les fans de Holden ne devraient pas être totalement dépaysés par « Lumière d’en bas » : la voix de Claire est voisine de celle d’Armelle, et le jeu de guitare de Mocke, toujours aussi fin, délié et inventif, est d’emblée reconnaissable.

On note quand même quelques différences. La plus notable réside dans le partage à parts à peu près égales des textes entre anglais et français, qui pour autant ne nuit pas à l’homogénéité du disque. Ce balancement entre les deux idiomes apparaît d’ailleurs assez anecdotique, ou du moins peu signifiant : on ne décèle ici ni la volonté de certains groupes actuels de “faire sonner la pop en français”, ni, à l’inverse, le désir de s’ouvrir à un plus large public par l’emploi d’une langue “internationale”. Le principal changement tiendrait plutôt dans l’abandon des productions richement ornées auxquelles nous avait habitués Holden, au profit d’un certain minimalisme qui n’est jamais synonyme de sécheresse, et qui est d’ailleurs enrichi par un beau travail sur les chœurs.

Disque de duo, “Lumière d’en haut” est aussi un disque de dialogue entre elle et lui. Sur « As in a Ball », la voix semble s’enrouler autour des notes de guitare ciselées telle une vigne vierge sur une treille, impression renforcée par les sonorités arrondies de l’anglais : « swirling », « shimmering », « strolled », « flourishing », « whirl »… La pochette signée par notre collaborateur Julien Bourgeois, avec ses formes courbes, labiles, entrelacées, pourrait d’ailleurs figurer une représentation visuelle de cette musique toute en volutes sonores, qui refuse les angles droits. « Les Mailles », qui suit, est plus proche de Holden, en tout cas du Holden de « Fantomatisme », s’éloignant des canons de l’écriture pop pour tenter de nouvelles approches. L’envoûtement est total, comme sur le très sobre « A ciel ouvert ». Le texte, mystérieux, peut évoquer à la fois Dominique A à son plus poétique et Arlt (avec qui Mocke collabore), relevé d’un zeste d’amour courtois. Puis « The Scottish Way » et « Don’t Ever » (pivot et pièce maîtresse du disque) nous font définitivement échapper à l’attraction terrestre. Des réminiscences de vieille Europe (madrigaux, folk anglais, valse…) y sont réduites à une épure : voix, guitare, un peu de claviers. Mais quelle richesse, quelle musicalité ! On pense aux miniatures que sortaient Les Disques du Crépuscule il y a une trentaine d’années.

La suite, sans atteindre de telles altitudes, confirme la tranquille singularité du projet de Claire et Mocke, groupe funambule qui défie les catégorisations hâtives (pop, chanson, folk, jazz, voire psychédélisme…) et semble peu soucieux d’emporter l’adhésion de l’auditeur dès la première écoute, sans pour autant surjouer le mystère. C’est tout à leur honneur, et c’est ce qui nous rend leur musique si précieuse.

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