Il ne faut pas trente secondes pour cerner les lubies de Daprinski, qui peuvent aisément se résumer en un mot et un chiffre, soit « années 70 ». Et pourtant, il n’est point question ici d’un quelconque revival rance. L’exhumation est aussi respectueuse et assumée qu’elle est talentueuse, et après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien. Et en quelque sorte, c’est en se présentant sans masque et en toute innocence qu’il parvient à rendre l’exercice réussi et jouissif.
D’abord en se concentrant sur une écriture solide et élégante, histoire de rappeler une évidence, à savoir qu’on peut écrire de bonnes chansons et aussi citer explicitement Morricone (par ailleurs, malgré le titre « Western », ce sont plutôt les sonorités de ses B.O. de polars qu’on entend). Ensuite, en mixant allègrement et avec fluidité les différents ingrédients. On passe ainsi sans vergogne de l’ambiance « Henri Verneuil » à une envolée guitareuse franchement prog (« Western ») ou à des cordes très Melody Nelson (« Le colonel Patrick »). « Des x » démarre aussi habité par Gainsbourg (jusque dans la voix), avant que la mélodie très pop du refrain ne vienne alléger la sauce, pour finir par atterrir brillamment sur quelques cuivres tout en sérénité.
Le résultat reste évidemment typé et cinématographique, mais en restituant ses influences avec habileté, Daprinski parvient aussi à leur conférer une modernité, et c’est déjà ça. On attendra qu’il les transcende, mais c’est une autre histoire. Et il se pourrait bien qu’il ait les moyens de l’écrire…