Frank Rabeyrolles, et par extension le label qu’il dirige Frank Wool Recordings, proposent une des esthétiques musicales les plus intéressantes de la scène indépendante. Toujours généreux dans sa production (suivez le label sur SoundCloud et vous verrez le nombre impressionnant de titres partagés), il signe avec « #8 » un disque aussi intrigant que réussi.
Intrigant, ce disque l’est forcément. Qu’en dire ? Du bien, forcément, parce qu’il a un « quelque chose ». Oui, ça ne veut rien dire en soi. Je dirais alors qu’il émane de ces 13 titres une couleur musicale qui varie selon l’angle par lequel on l’observe. Parfois, je ressens plus fort les nappes électroniques, cettte atmosphère propre à la rêverie qu’elles provoquent, avant que n’émanent certains rythmes plus entraînants. Des fois, c’est l’évidence pop qui frappe, car il y a des titres qui filent sans détours jusqu’au coeur grâce à des mélodies parfaitement ciselées. Mais parfois, les sons se font plus durs, les angles se font plus marqués : l’arrondi n’est plus présent. Et partout, il y a cet aspect brut, parfois bricolé, parfois assemblé avec soin, mais qui est celui de la sincérité, qui permet au disque d’offir un charme de plus, celui d’une légèreté dans la confection. L’empilement de couches produit une toile d’araignée dans laquelle il est plaisant d’être prisonnier. Que ce soit au travers des titres les plus directs, au charme indéniable (« Your Energy », « Listening to Tago Mago », « Eggs no Eggs », « Seriously »), par les rêveries les plus aériennes (« Cycling », « Soap to Bubbles ») ou d’autres coups d’éclat acérés (« DIY »), Frank Rabeyrolles affirme sa patte, celle d’un artisan inspiré et hétéroclite.