Ecouter un album de James Yorkston c’est comme rentrer chez soi en hiver, retrouver son chat et son foyer douillet. Pour un peu (une dizaine d’euros), on se sentirait propriétaire terrien, gentleman farmer. On retrouve le charme duveteux de la contrebasse, une attention portée aux cordes (violons, alto), une touche chaleureuse de clarinette. Ajoutons le banjo, l’autoharp, le vibraphone, le piano, l’harmonium et le Rhodes savamment dosés, voilà pour l’orchestration : on est loin du folk brouillon trop souvent proposé.
Depuis une dizaine d’années, James, avec ou sans ses Athletes, nous offre du folk en chambre de haute volée, idéal pour les longues soirées d’hiver même si, on doit l’avouer, l’album est sorti depuis de longs mois. Car c’est un peu le problème, les albums de James Yorkston se suivent et se ressemblent plus ou moins, alors, on perd parfois le fil et on rate une sortie ou deux…
« I Was A Cat From A Book » n’atteint pas les sommets du léonin « Year Of The Leopard » mais ne dépare pas au côté du lièvre « The Haar Rolls In ». Le sommet « Catch », une nouvelle « tall tales » à la Yorkston, coule sa mélodie entêtante dans un écrin de folk anglais raffiné. « Kath with Rhodes » fait partie des rares morçeaux de Yorkson basés sur des claviers électriques (ici le Rhodes) et triturés par des manipulations électroniques. Ce titre nous évoque par instants celui, très beau, d’un autre folkeux classieux, Silvain Vanot, « J’en sais assez » sur l’album « Il Fait Soleil ». D’ailleurs, l’un comme l’autre habillent leurs compositions les plus tristes de très beaux atours.
« Border Song », plus Arab Strap que jamais, dans le texte et la voix, plomberait agréablement son petit bonhomme sans le rythme furieux qui entraîne la chanson et les envolées lyrico-jazz du violon et de la clarinette qui s’affrontent en duel dans le fond.
Il y a aussi cet étrange « The Fire & The Flames » (on se reportera au compte-rendu du concert de Stockholm pour plus de détails), froid comme la mort malgré le titre et qui fait presque penser à du Radiohead lo fi, avec comme seul contrepoint chaleureux face à la voix blanche, comme écorchée, de James, une contrebasse ronflante plus vivante que jamais.
Hormis ce titre, James évite, comme toujours, le registre pathétique mais on se plongera avec parcimonie dans ses textes si on veut éviter la déprime hivernale (l’épuré « Two », ou le faussement primesautier « Sometimes the Act of Giving Love »).
Il a de la moelle, le James, et le démontre lors de la cavalcade finale et épique « I Can Take All This », avec laquelle on a encore l’impression troublante de retrouver les compères écossais d’Arab Strap et de rempiler pour dix ans de pleurs de plus.
Mais on est entre nous, et comme le baron Palamède de Charlus, aux grandes machines, on préfère souvent les petites choses, ici le délicat et doux-amer « Spanish Ants ».
Oh, qu’il va être bon de savourer ce « I Was A Cat From A Book » avec un bon chocolat chaud (ou un whisky, au choix), un chat aimant et aimé lové sur les genoux et de regarder la neige tomber !
Dont acte.