Fils de pasteur, avec une mère portée sur le piano et l’orgue, il paraît finalement assez logique que Cory Chisel ne propose pas de funk. Le chant devient son échappatoire, mais aussi sa passion, et alors qu’il découvre le blues jeune, il décide de marier tout ça. La rencontre avec Brendan Benson, le cousin fréquentable de Jack White, nous vaut l’arrivée chez nous de ce second album personnel.
L’écoute m’a fait penser à cette spécificité très américaine, dans pas mal de sports, d’avoir des cahiers avec des plans de jeu. C’est ce qu’évoquent ces douze titres : du classique, quelque chose d’intemporel mais aussi exécuté avec beaucoup de générosité et de toucher. Effectivement, blues et country ont été potassés à la perfection par Cory Chisel, qui en élève aussi doué qu’appliqué offre une collection de chansons de belle facture. Si le musicien frôle parfois le cliché « coin du feu – whisky », je ne peux décemment pas dire que je trouve ça désagréable. Au contraire, la qualité de l’instrumentation (avec des membres de The Cardinals ou les Howlin Brothers), riche et pleine de ces bonnes choses (orgue, guitare slide, banjo, harmonies avec Adriel Denae, sa complice vocale) qui font que j’aime ce disque au classicisme assumé. Des ballades touchantes (« This Is How It Goes », « Never Meant to Love You », « Laura », « She Don’t Mind », « Seventeen »), un tube intemporel (« I’ve Been Accused ») avec cet orgue en arrière-fond et cette voix erraillée juste à point, des midtempi (« Old Love », « Foxgloves ») toujours justes et quelques passages blues bien troussés (« Times Won’t Change », « Over Jordan », « Please Tell Me ») s’enchaînent à merveille. Tout sur ce disque respire l’artisanat et l’écriture sincère. Difficile donc de le prendre en défaut, et il mérite bien plus que d’autres le qualificatif d’authentique.