Ce qui est bien avec le Rocher de Palmer, cet accueillant complexe dédié à la culture, c’est que je sais rapidement l’affluence qu’il y a en faisant une savante déduction à partir de la distance où la voiture est garée. Du coup, mon pronostic « quasi-plein » s’est avéré pertinent : la grande salle (soit 1200 places quand même) est bien à 3/4 pleine pour voir EZ3kiel, le groupe français qui donc bénéficie d’une côte d’amour au beau fixe.
Et quand le concert fut fini, au bout d’une heure quarante cinq, je me suis rappelé comment EZ3kiel avait su trouver le moyen de se créer une fanbase aussi constante. La « formule du soir », car EZ3kiel aime à changer sa composition pour jouer live, reprenait en partie l’orchestration qui avait été mise en place pour le « Naphtaline Orchestra », l’orchestre Francis Poulenc du conservatoire de Tours, qui avait accompagné le groupe pour 3 dates en 2011. Ici, il n’y avait « qu’un » quatuor à cordes, mais quand même pléthore de musiciens, qui sont malgré tout 13 sur scène.
Mais loin d’être lourde, cette mise en scène a accompagné un spectacle d’une virtuosité impressionnante. Tout était beau, des passages entièrement dominés par les cordes en passant par les attaques de guitare, les passages enivrants au thérémine ou au sax ténor de Thomas Quinart en passant par la beauté des vidéos projetées (enfin un groupe qui n’en fait pas un gadget inutile et ennuyeux…), tout donne l’impression d’une grande maîtrise, mais aussi d’une immense générosité. EZ3kiel a donné l’impression d’un concert « bigger than life », j’en ai pris plein les yeux, plein les oreilles, avec l’exact dosage entre force et finesse. S’il faut être un tantinet réceptif à l’univers rétro-technologique-cabinet des curiosités du groupe, je trouve que cette interprétation de la musique d’EZ3kiel permet de passer outre si besoin, et témoigne d’un pari aussi risqué que magnifiquement réussi de la part d’un groupe plus singulier et audacieux que jamais.