Cet adult rap pavé de bonnes intentions, on le sait, confine presque systématiquement à l’ennui. Ce risque, d’ailleurs, Homeboy Sandman s’y expose parfois, mais sans dégât. L’album, au final, est plutôt bon, et les beats y sont pour beaucoup. D’aucuns pourraient reprocher à First of a Living Breed une production déraisonnablement diverse et éclectique, un manque de cohérence dû au grand nombre de producteurs qui y ont été conviés (Oh No, Oddisee, Jonwayne, 6th Sense, Invisible Think, et d’autres encore). Toutefois, c’est exactement tout le contraire, les beats en sont même l’une des principales attractions.

D’emblée, « Rain » marque les esprits, avec son instru façon jeu vidéo, un exercice répété avec le titre final, « Let’s Get ‘Em’s ». Plus tard, « Illuminati » est porté à merveille par une musique très ambient, de même que cette réussite qu’est le titre éponyme de l’album. Une flûte paisible habille un portrait de New-York sur « 4 Corners ». On note également quelques curiosités assez inédites : « For the Kids », par exemple, est accompagné fort à propos par le sample d’un enfant que l’auditeur trouvera, au choix, malin ou irritant ; le faiblard « Cedar and Sedgwick » ressemble à un concerto pour couteaux et fourchettes ; et, plus convaincant, « The Ancient » allie quelque instrument à vent oriental à des « hou ha » de sauvages.

Ces variations incessantes sont, la plupart du temps, épousées avec facilité par Homeboy Sandman. Il sait y adapter son intonation, sa voix, son phrasé, par exemple quand il se lance dans un chanté / rappé léger pour accompagner les cuivres et le piano dégainés par Oddisee sur le charmant single « Watchu Want From Me? », ou plus tard quand le rappeur privilégie au contraire un débit robotique (« Sputnik », « Mine All Mine »). Et c’est sans doute cette élasticité, cette versatilité, autant que ses qualités purement « lyricales », qui confirment, avec l’ensemble de l’album, que les critiques élogieuses collectées par Homeboy Sandman au cours de ces dernières années n’étaient pas totalement imméritées.